J'avais 8 ans, ou 7 (je ne sais plus). J’étais en train de jouer avec ma petite poupée en peau de bête, celle que maman m’avais fabriquée pour que j’arrête d’être toujours dans ses pieds.

Ils les ont tous tués, et moi… moi j’ai couru.
Les images sont confuses : des cris, des pleurs, maman qui me dit de courir sans me retourner. Mais je me retourne, maman est sur le sol. Les larmes, la peur et les tremblements m’envahissent mais je cours comme maman m’a dit, il faut atteindre les dunes pour se cacher. Ils ne me voient pas, surement trop occupés à massacrer la tribu, et eux ils ne connaissent pas les dunes, c’est mon monde, pas le leur. J’ai mal aux jambes, au cœur, je ne comprends pas, les dunes paraissent de plus en plus loin, impossible à atteindre. Mes yeux se brouillent, j’aperçois une silhouette venant vers moi, elle est noir et menaçante mais je trébuche sur une pierre et tombe.
Il est près de moi, le visage dans son foulard noir, une dague à la main taillant un bout de bois, ses yeux verts rivés vers le feu auprès duquel je suis allongée, un bandage entour mon poignet. Il m’entend et se retourne : « Ne t’inquiète pas, ils sont partis… », Je perds connaissance à nouveau.

Je pose aujourd’hui la dernière pierre sur sa sépulture, en lui jurant de continuer ce qu’il a commencé, car c’est grâce à lui qu’ils ne m’ont pas attrapée ce jour-là. Je me rappellerai toujours ce que Kalten me disait le soir, quand on regardait le ciel : « Il y a un génie qui a créé un monde de paix et de tranquillité, mais la guerre il ne faut pas l’ignorer, il faut la détruire ; pourquoi la laisser prendre ta vie et ton monde ? Fuir ne t’aidera pas à oublier, la haine t’empêchera de gagner, trouve l’équilibre parfait, pour aider le monde à retrouver la paix. ».
Mes dernières larmes auront été pour lui, je suis maintenant déterminée à me venger de ceux qui ont décidés à notre place de mener cette guerre infinie plongeant notre monde dans le chaos et les massacres.