Je n'ai pas eu à essayer beaucoup de portes pour en trouver une ouverte. J'ai appuyé sur la poignée et rattrapé in extremis le corps qui glissait de mon épaule pour finir d'ouvrir la porte d'un coup de hanche. Élégante et habile en toute situation.

C'est charmant ici. Pas très grand, mais plutôt joli pour des gens ordinaires. Lindblum est généreux, en voici une preuve de plus. J'ai déposé le corps sur un lit, et fait semblant de maîtriser la situation.

Va voir si tu trouve d'autres couvertures, elle doit rester au chaud, ais-je lancé à Maty que je suppose toujours derrière moi.

Je me suis accroupie au chevet de ma protégée, et ai posé ma main sur son front comme je l'ai vu faire parfois. Bon. Bah c'est un front quoi. J'ai retiré ma main en revêtant mon expression soucieuse bien travaillée. Parfois ils mettent un tissu humide sur le front des mourants. Mais ma patiente n'est pas mourante, je ne crois pas. Et puis ce serait plutôt contradictoire avec les couvertures non ?

Je me relève. On va la laisser dormir en paix, c'est surement ce qu'il y a de mieux à faire.

Je meurs de faim. C'est la première fois depuis bien longtemps que je trouve le temps de formuler cette pensée. Mon estomac émet un grondement fort désagréable. j'espère que Maty est à l'autre bout de la maison et n'a rien entendu. C'est très disgracieux, hors de question que cela recommence. Je me dirige vers la cuisine et ouvre les placards pour trouver quelque chose à manger. Ce n'est pas vraiment du vol, ceux qui vivaient là ne reviendront probablement pas, et c'aurait été des vivres gâchés. Les bonnes de ma commune disaient que c'était moche le gaspillage. ma foi, je veux les croire pour aujourd'hui.

Brrrrrr ce qu'il fait froid ici.
Chercher des couvertures ok... j'ai le sentiment d'être aux ordres , j'aime pas. Mais c'est une bonne chose car je me sens incapable de prendre une décision.
Les différentes pensées et actions de mes différents moi se bousculent et j'ai la tête qui tourne.
Je fouille les armoires de la chambre et je ne trouve rien, des draps , des vêtements, je lève la tête et au dessus de l'armoire je vois une énorme couette qui a l'air tellement douillette que j'en baille.

Je la tire vers moi et la serre dans mes bras. Holala quel plaisir!
Je vais en couvrir La femme en rouge, j'ai ententu qu'elle s'appelle Nemesi.
Nous avons toutes trois un point commun dans cette maison , nous ne sommes pas des femmes conventionnelles.

Une piéce donne sur la "chambre" un coup d'oeuil me suffit pour entre apercevoir un lavabo, je prend l'initiative d'aller explorer la pièce.
Il y a un évier rudimentaire en gré, une cuvette en émail, et tout ce qu'il faut pour une toilette qui nous est plus que nécessaire.
Je fais couler de  l'eau chaude dans la paume de ma main, ça fait du bien. Je rêve de plonger mon corps en entier dans cette eau. De laver la crasse, l'odeur de mort, de peur.

Je regarde Nemesi inconsciente dans la pièce à coté, elle a besoin de réconfort, que l'on prenne soin d'elle.
Après m'être passé le visage à l'eau je rempli la bassine d'émail.
Je la ramène doucement sur la table de chevet, et avec des gestes doux, comme pour une enfant,
je lui lave le visage, les bras, les mains.

Je me sens infiniment mieux. Je comprends maintenant pourquoi j'avais peur de m'envoler et de me cogner au plafond. Mais avec ce que j'ai englouti, je ne risque plus de décoller. Je m'adosse à ma chaise, un sourire béat sur les lèvres. Mais au fait ? Ou est mon automate ? Elle doit avoir faim elle aussi. Je me relève, et empile quelques vivres sur un plateau. Moi serveuse, on aura tout vu.

Maty ? Tu as faim ? J'ai trouvé de la nourriture...

Je fini par la trouver au chevet de notre malade, une bassine d'au à ses pieds. De l'eau. Se laver. Mais mon amie ne se lave pas, elle lave la jeune femme endormie. Ah ben oui tiens. Je n'y avais pas pensé. Je souris. Cette femme à un grand coeur. Nous aurions tout aussi bien pu l'abandonner ici et repartir. D'ailleurs c'est ce que j'avais prévu. Slush...

Je m'approche de Maty et dépose le plateau près d'elle.

Tu la connaissais ?

Je t'ai apporté un peu à manger, j'ai pensé que tu aurais faim...

Elle sera bien ici, il reste encore de la nourriture dans les placards pour quand elle se réveillera. On repassera la voir, mais il va falloir remonter pour l'instant. Il reste encore des personnes là haut qui ont besoin de nous.


Slush...

" Mois c'est pas Maty, c'est Matilda " je lui souris.
" Maty c'est la petite fille"

Je prend une serviette chaude et sèche notre protégée.

" tu n'es pas aussi dure qu'il y parait au final Dahlia. Je te remercie tellement d'avoir pris soin de Maty. Quand elle arrive, elle est tellement perdue. Je ne les contrôles pas tu sais. Elles sont trés présentes en ce moment "
Je regarde par la fenêtre, vague sentiment d'irréalité, un oiseau est posé là et il chante.

" Je viens avec toi  Si jamais tu as besoin d'un bras fort"


Je lui fais un clin d'oeuil, en effet il n'y a qu'un seul bras chez moi qui le sois... petit trait d'humour au milieu du chaos.

" Je suis plutôt du genre solitaire tu sais. Mais toi je t'aime bien"


Mon regard s'assombri, je me relève et j'essui mes mains sur le chemisier de Marlone.

"Lui aussi je l'aime beaucoup , Marlone. Mais il a disparu.... "
"
Puisque ma voix se brise je me contente de me taire.

La petite fille ? De quoi elle... Oh ! D'accord.Eh bien, le problème est plus ancré que je ne l'aurais pensé encore. Elle en est parfaitement consciente, et chacune de ses personnalités à un nom. Pourquoi pas après tout, c'est vrai que c'est dommage de n'avoir qu'un seul être à mettre dans ce corps ravissant.

J'aime bien Maty. Elle a la sagesse d'un adulte et l'innocence d'une enfant. Il n'y a vraiment pas de quoi me remercier, j'ai pris plaisir à m'occuper d'elle.

Mais la prochaine fois je fais payer les heures de baby-siting. Je souris. Ce serait drôle comme situation.

Vous êtes beaucoup ? Il y en a que je n'ai pas encore rencontré ?

Aucune moquerie dans cette phrase, pas même dissimulée, juste une réelle curiosité. Décidément, je découvre la franchise en ce moment, et ce n'est pas désagréable finalement.

Je lui souris. Je suis contente qu'elle m'accompagne. Cela va me changer de la compagnie silencieuse de Slush. Et puis je l'aime bien. Elle aussi. Je suis surprise qu'elle me le dise comme ça, aussi simplement. C'est la première fois je crois. Des regards admiratifs, des baise-main plein d'espoirs, des litres de politesse, j'en ai déjà eu à la pelle pour me signifier mon importance et ma perfection, mais un "Je t'aime bien", c'est la première fois. C'est... chaleureux. Comme un gros manteau de fourrure qu'on passe autour de ses épaules un soir d'hiver.

Et sa voix qui se brise à l'évocation de son fiancé. Oui je sais, ce n'est pas réellement son fiancé, mais il le sera suffisamment vite pour qu'on ne chipote pas sur l'expression. Son regard triste. Je ne me contrôle pas, c'est comme lorsque le chat prend le dessus, sauf que cette fois, c'est l'humaine. Je passe mon bras autour de ses épaules. Mais qu'est-ce qui me prend ? C'est... Comme le manteau de fourrure de tout à l'heure. Alors je laisse ma patte, et je lui dis tout doucement :

Ne t'inquiète pas, il reviendra. Maintenant que Snjor est en sécurité, il ne peut rien  lui arriver de grave.

Elle passe son bras autour de mon épaule, c'est chaud et réconfortant.
Surprenant aussi.
Je ne me laisse pas aller aux larmes, j'ai surtout envie de dormir en fait.
Mais d'autres peut être ont besoin de soins alors je me redresse.
Il ne faut pas flancher. Je dois me prouver à "nous" même que je suis capable de gérer seule.
" Nous sommes quatre... tu n'en connais que trois et il vaut mieux en fait"
Je lâche un petit rire gêné... mon dieu si May venait à se manifester elle serait capable de chercher à séduire Dahlia. Pour elle pas de soucis, quelque soit le sexe ou le genre, une parfaite pansexualité.
NE FAITES PAS LES CHOQUéS!!!

"A ce propos mieux vaut éviter les contacts trop rapprochés car elle va rappliquer. Et tu voulais aller voir si d'autres avait besoin de nous alors allons y"

Je me dégage doucement de son étreinte pleine de compassion.
Nous reviendrons plus tard.
Mon bras grince salement il semble ne pas avoir apprécié le traitement de ces dernières heures.
Mais je suis prête à aller parcourir la ville à ses côtés.

Quatre... Eh bien, on est sur de ne jamais s'ennuyer avec elle ! Malgré tout, j'aimerais bien rencontrer la dernière... Par pure curiosité. Comment est-elle ? Violente ? Dépressive ? Folle ? Folle... Oui bon, Matilda en général l'est, mais c'est une gentille folie, qui m'amuse beaucoup. Je lui souris, et retire mon bras, un peu gênée d'avoir osée faire ça.

Je me relève pour me donner une contenance.

Oui, Slush est toujours dans l'observatoire, il me tarde de lui apporter la bonne nouvelle.

Je me dirigeais déjà vers la porte lorsqu'un grincement sinistre m’arrêta dans mon élan.

C'est ton bras qui a fais ça ?

Puis, sans attendre de réponse :

Nous devons repasser par le cœur de Snjor alors. Nous trouverons surement de quoi te réparer. De toute façon, il m'aurait fallu du matériel pour rafistoler le petit robot du Royal Rose. Hors de question que je mette cette petite créature dans le corps répugnant d'un golem.

L'idée m'avait froissée déjà quand Lindblum me l'avait évoquée, mais l'énoncer à voix haute me retourne le cœur. Un si charmant petit bonhomme dans un corps de monstre. Il n'en est pas question.