Plus on s'éloigne du centre ville et le brouhaha métropolitain s'estompe, le silence m'enveloppe doux cocon digne du meilleur des oreillers pour se reposer des tribulations du jour. Mise à part le ronronnement certain de ma moto qui m'est devenu à force du temps comme un ronronnement hypnotique. Tout n'est qu'affaire d'état d'esprit on peut être là et ailleurs, ailleurs et ici le ailleurs n'étant en final qu'un autre là ou ici.

Je roule sur la grande route menant vers l'Est, paysage à l'envers, que j'aimerai filer d'une traite vers ma lagune ou m'attends ma fière Limunella, mais pfffff qu'elle guigne les histoires de paperasse. faut il toujours une loi pour ne pas dire des nous pourrissant la vie et tout ça pour avoir juste un sentiment de liberté qu'en fait il y a longtemps nous avons perdu. Parceque qui dit loi, règle en dehors de notre libre arbitre et de nos consciences innée et éduquée nous enchainent.

Mais là, là il n'y a que moi, moi puceron perdu dans l'univers!...

Comme au matin, je m'arrête en haut d'une côte, observe les étoiles le temps d'une pipe à bulle, respire à fond l'air noir de la nuit plus froid, plus pur, sous les lumières d'argent.

Je sors du coffre de la moto un skate revu et corrigé à la manière surf avec des attaches pour les pieds, et ma grand voile volante que je monte rapidement. Je passe mon doigt dans la bouche histoire de voir de quel côté souffle le vent, le tendant vers le ciel comme un appel.

Je me lance, un pied calé sur la planche l'autre poussant pour donner l'élan, la pente est assez forte, et longue, le vent s'engouffre déjà dans la toile, la tension s'infiltre dans mes bras, doucement je décolle, rebondis et redécolle.

Je vole!

Je ne vais pas donner un cours de vol, vol de pente, vol d'onde, vol de gradient, ça serait comme parlait à un albator et jusqu'à présent du moins que je sache on a pas encore traduit leur langue. En tout cas je monte, les étoiles se font plus lumineuses!...

Loin là bas, presque je pourrais voir l'océan si je monte assez haut, pour le moment en guise d'océan j'ai un dôme lumineux émanant de Médiatus. La ville crache l'énergie vers le ciel, comme voulant se l'accaparer, à moins que ça soit leur désir de s'envoler ? des milliards de gens abreuvent de leur souffle ce gigantesque pulsar. Esclaves, tous esclaves, ils savent et font pourtant toujours semblant de pas savoir pourquoi?

L'ennui, la peur et la colère voilà ce qui entrave, et de part les trois lunes combien ils s'ennui ici bas à courir après des chimères, quand à leur peur et leur colère elles sont bien trop nombreuses pour les énumérer.

Un jour de vol comme aujourd'hui, haut très haut dans le ciel j'ai partagé un moment un courant avec un goéland, ailes à ailes nous montions, tournions, descendions pour remonter de plus belle. ce jour là il m'a dit du moins l'ai je entendu aussi clairement que possible dans ma tête

" Brisez vos limites, faites sauter les barrières de vos contraintes, mobilisez votre volonté, exigez la liberté comme un droit, soyez ce que vous voulez être. Découvrez ce que vous aimeriez faire et faites tout votre possible pour y parvenir."

Depuis ce jour, chaque fois que je vole et plus loin encore quelque soit la matière sur laquelle je surfe, il est là je sens le bout de son aile effleurant ma joue ou mon épaule et qui me dit

"Vas! voles! montes! plus haut ! toujours plus haut là où tu toucheras les étoiles!"

Oui un jour je volerai assez haut, assez loin, là où je saurai croiser ta route Snjór.


Je respire, lavée des pollutions du monde, l'âme en paix retrouvée. J'ai les yeux en vase de milliard de fleurs d'étoiles de celles qui ne fanent jamais.

Lentement j'infléchis sur la voile me ramenant vers mon point de départ, courant descendant, je glisse sur le vent, je glisse sur le sol, je me pose.

Le coeur battant la chamade au rythme de ce cosmos qui nous emmaillote, je range mon matériel, me cale à même le sol contre ma moto et enveloppée dans mon grand manteau bien au chaud face à l'âtre stellaire je m'endors.