Le long du versant de l'île, directement taillé dans la roche, descend un escalier. Votre cœur manque un battement alors que vous l'observez : lors de la descente, si à votre gauche se trouve la pierre, à droite ce n'est que le vide et la vue sur le ciel infini.
Aucune rambarde, aucune prise. Rien que le vide, et l'escalier sous vos pieds. Le moindre pas mal placé et c'est une chute à travers les espaces. Souvenez-vous de Wayne.

Le vent rugit autour de vous et tente de vous jeter dans le vide. Le meilleur moyen de survivre reste encore de se coller au maximum contre la roche. Pas de place pour deux personnes côte-à-côte. D'ailleurs, même pour une seule personne, le passage est étroit.
L'escalier semble tourner en colimaçon autour de la base qui constitue la ville flottante, et vous ne voyez pas exactement ou celui-ci débouche...

A l’extrémité de l'escalier, celui-ci devient plus sûr et rentre dans le cœur même de l’île, dans une petite caverne. Si vous êtes fatigués, physiquement ou mentalement par l'épreuve que vous venez de passer pour arriver jusqu'ici, prenez donc une pause. La caverne, bien que légèrement humide, est agréable. L'air y est frais et le décor agréable : des champignons phosphorescents poussent sur les murs et projettent une lumière surréaliste sur la scène.
Mais surtout, au milieu de la mousse et de la végétation souterraine se trouve une porte. Une lourde porte en pierre à doubles battants.
Elle est verrouillée.
La serrure n'est pas si vieille mais la porte ne semble plus utilisée depuis un moment.

Il vous suffira de passer votre main sur la grande porte pour en enlever la poussière et révéler un symbole : deux cercles concentriques possédant en son centre un triangle.

C'est bien un escalier. Hum. Ils auraient du essayer de le faire plus étroit pour voir. Tant mieux. La rousse aura d'autant plus de chance de tomber si elle nous a suivi. Je ne le sais pas, et je m'en fiche. Je sais juste que si je la vois, c'est le meurtre assuré. Alors je ne vérifie pas. J'adresse un regard confiant à Slush. J'espère qu'il est agile. Dans le doute, je lâche sa main, et m'aventure dans l'escalier en première. J'avance doucement. Pas que je doute de mon habilité, mais je ne voudrais pas presser Slush et le faire perdre l'équilibre. Pas après pas, marche après marche, en donnant de légers coups de talons dans les petits cailloux qui sont tombés sur les marches, pour ne pas que Slush glisse dessus. Nous descendons. A droite, le continent se rapproche tout doucement. C'est beau.

Une grotte. J'y entre sans hésitations. Les murs sont tapissés de champignons phosphorescents, et mon nez se retrousse de dégout. Mon beau visage admiré sous un lumière verte ! Quel gâchis... Je ne me retourne pas, pour ne pas qu'il voit ça. Je marche droit vers la porte. Les mots du petit robots tournent dans mon esprit. Il faut avancer, nous ne sommes pas au bout de notre périple. Je pose la main sur la poignée, appuie. Appuie plus fort. Non. Merde.

NON ! Je veux passer vous m'entendez ! Ouvrez cette porte, bordel !

Je donne des coups de pieds dans la porte, la pousse de toutes mes forces. Sans résultats. Je lui adresse mon regard meurtrier, lui montre les crocs. Ca ne lui fais ni chaud ni froid. Alors je laisse mes jambes céder, et je me retrouve agenouillée devant la porte. Je n'en peux plus. Je veux voir Lindblum. Je veux voir les gens. Voir l'admiration dans leurs yeux, leur distribuer de beaux sourire. Me balader fièrement au bras de l'inventeur le plus génial de tous les temps. Que tout cela cesse. Mais je suis la, devant cette énième porte fermée. J'appuie mon front sur la porte, et laisse mes larmes couler. Avec un peu de chances ils seront tous tombés de l'escalier et ne me découvrirons pas comme ça.

L'escalier est étroit. Un pas à droite, un pas à gauche en prenant soin de l'emplacement du pied à chaque fois pour ne pas traverser les espaces. Comme Wayne.
Slush passe sa main sur la roche en descendant, comme pour se rassurer. Il n'y a pas de prise mais c'est rassurant d'avoir la roche sous les doigts alors que le vide est si proche.
Ou est-ce de la pierre ? Elle est lisse, il est agréable d'en toucher les contours.

Descendre, descendre encore.

Puis, une caverne.
Et la porte, fermée.

Dahlia frappe la porte et Slush contemple l'escalier qui remonte vers le sommet de l’Île, loin derrière. Hors de question de remonter ce monstre, descendre fut déjà bien difficile.

Et soudain, les vibrations augmentent. La pierre se fissure un peu partout sur l'île. L'arche se fend en deux, certains bâtiments penchent et le métal crie à l'agonie un peu partout.
Du côté de l'arche, sa fissure n'est pas suffisante pour s'y glisser. Si la pierre est fendue elle est toujours en un seul morceau et toujours fermée. Inaccessible.
Du côté du Royal Rose, l’aéronef glisse doucement vers le bord de Snjor, à moitié dans le vide et à moitié sur le quai, en équilibre. Si vous vous trouvez toujours dedans, il est temps de sortir avant qu'il ne fasse le grand plongeon.
Dans le dédale, un bâtiment s'effondre non loin d'Amnesia. La poussière retombe et le nuage qui en résulte plonge la scene dans un brouillard surréaliste.
Dans la caverne en bas de l'escalier taillé dans la roche, les portes en pierre tiennent bon. Ce n'est pas le cas, cependant, de la roche qui l'entoure. Un pan de mur s'écroule partiellement. Il est possible de passer mais il faudra se serrer ou être maigre, l'entrée est étroite. Il est possible de l'agrandir si le besoin l'exige.
Dans le magasin de fringue, toutes les fringues se renversent et le bâtiment lui même plie sur ses fondations.
Le reste de Snjor souffre alors que partout le bois se tort et le métal hurle.

Et puis, les vibrations s'arrêtent. L'île chute.
C'est si soudain que votre cœur manque un battement. Sjor tombe !!
Votre corps se soulève du sol et la gravité s'échappe dans les airs. Il est trop tard, tout est terminé, vous le sentez, vous êtes mort.
L'île tombe un peu plus rapidement que vous et vous flottez à un mètre, puis deux du sol. La peur panique vous serre le cœur dans un étau d'acier et vous ne pouvez rien faire d'autre qu'agiter les bras et les jambes comme des pantins désarticulés.

Le temps et votre souffle sont suspendus, puis les vibrations reprennent. L'île freine et flotte de nouveau, et vous heurtez le sol lourdement. Cela fait mal, mais vous êtes en vie. Êtes-vous en vie ?
L'adrénaline court encore dans vos veines alors que vous êtes à terre et vous sentez votre cœur battre dans vos tympans et dans votre poitrine, si fort que s'en est douloureux.
Vous êtes en vie, bande de petits chanceux.

Sur le bord de l'escalier, à hésiter à remonter, lorsque cette soudaine vibration. La roche s'ouvre un peu partout. L'escalier est-il encore sûr ? Ne vont-il pas casser sous leurs pas s'ils s'avisaient de remonter ?

Et.... Le sol disparaît. Tout monte brutalement. Slush s'élève dans les airs.

"???!!!!???!"

La chute, le vent, les espaces qui viennent à la rencontre l'un de l'autre, et slush qui tournoie en jetant ses mains pour se retenir à la roche lisse. Vainement.
Puis, tout retrouve l'équilibre. Le bruit, de nouveau, et le sol qui se retrouve en bas, comme avant, et non pas en haut. A moins que Slush ne soit juste la tête à l'envers.
Son corps heurta le sol. Pas très fort, mais suffisamment fort pour qu'il en perde l'équilibre et soit envoyé valsant contre l'escalier.

"Huuh !!!"

Aucune prise, rien pour se retenir, et Slush glisse.

"AAAAAAAAAH !!!!!"

Envoyé le dos contre le vide et les ongles qui griffent les marches pour ne pas chuter. Déséquilibré !

"Dahlia !!!!!"

Soudain, un bruit sourd, et mon corps se détache du sol. Mes larmes lévitent autour de moi. J'ai besoin d'une demi seconde pour comprendre ce qui se passe. Après ça je cri. Un cri mi-félin mi-humain, que moi même je n'avais jamais entendu. J'essaye de m'agripper à la porte, la roche. Rien à faire. Mes griffes crissent contre les parois sans rien saisir.

Puis tout est fini. Je me retrouve a quatre pattes par terre, décoiffée, mes vêtements froissés. Je tremble de tout mes membres. Je pleure de plus belle. Puis je l'entends crier. Lui qui parle si peu, pour qu'il cri, ce doit être grave. Je me relève, chancelante, et me dirige le plus vite possible vers l'origine du cri. Je titube. Je m'accroche du mieux que je peux aux parois, au cas ou cela recommencerait. Il crie mon nom. Je reprend le dessus. Je dois l'aider. Je sors. Il est ou ? Je regarde en bas. Là. Il est là. Merde. Quel crétin. Je m'accroupi près de lui. Je tremble encore un peu. Mon coeur panique, je l'entend battre n'importe comment dans mes oreilles. Je pleure encore. Je le sais parce que je vois mes larmes s'écraser sur la tête de Slush. Je n'ai rien, pas de corde qui puisse l'aider à remonter sans me mettre en danger. Tant pis. Je cales mes jambes du mieux que je peux dans l'ouverture de la grotte, m'agrippe d'une main au bord de la pierre, et agrippe fermement le bras de Slush dans mon autre main. Je suis peut être parfaite, mais je n'aurais pas la force de le relever toute seule.

C'est le moment de me prouver que tu es un homme fort, Slush.

Et je tire sur son poignet de toutes mes forces.

Sa main, comme une ancre au fond de l'océan. Slush s'y agrippe aussi fermement que possible, il est hors de question de se laisser chavirer et encore moins de sombrer.
Les pieds dérapent et glissent le long de la parois. Non, non !
Tout son corps passe par-dessus lentement, seulement retenu par la main de...
Un petit renfoncement. Slush y jette son pied et la chute s'arrête enfin lorsque son poids se réparti sur la roche.

Les doigts fermés à l'intérieur de ceux de Dahlia et un pied en équilibre contre la surface. Ca y est, l'équilibre est rétabli définitivement.
Maintenant, ne plus bouger. Si le minuscule renfoncement en venait à lâcher, ce serait la chute.

Déglutir, puis regarder ses pieds pendus dans le vide et loin en dessous, les petites rivières du continent, les petits vallons et toute cette roche sur laquelle le corps de Slush s'écraserait en petite purée informe si....

Lentement, aussi lentement que la dérive des continents, Slush s'aide de la main de Dahlia et du petit renfoncement pour remonter et peu à peu, de nouveau sur la terre ferme, loin du néant et de la gravité qui attire vers les vallons lointains.


Allongé sur le dos, le cœur battant à rompre les os, reprenant son souffle.
Souffle haletant et difficulté à déglutir. C'est passé très proche, cette fois. Bien plus proche que les fois d'avant.

"Merci."

Un million de merci ne suffirait pas. Elle lui a sauvé la vie et il ne sait pas quoi dire.

"Je... Merci......"

Je l'ai tiré tant que j'ai pu. Me quitte pas idiot. Qu'est-ce que je deviendrais moi si tu tombe comme un con ? Il est remonté. Tout doucement. Il s'est effondré sur le sol. Je me suis remise à pleurer. Deux mercis. Pour un type qui ne parle pas c'est un exploit. J'ai ris à travers mes larmes. Même quand il parle on voit bien qu'il n'y arrive pas. J'ai regardé sa poitrine se soulever et s'abaisser régulièrement. J'ai souris et j'ai pleuré de plus belle. Zut, je ne devrais pas tolérer qu'on me voit comme ça. Au moins j'évite la lumière verte. Oh ! Et puis au diable ce qu'il pense de moi, je viens de lui sauver la vie ! Je me laisse tomber sur son torse et le serre dans mes bras de toutes mes forces, en inondant sa chemise de mes larmes.

On est vivant bordel.

Slush est tout mouillé de larmes. Mais ce ne sont pas les siennes.
Pas si féline, la fille. Les félins ne pleurent pas sous l'émotion, ça c'est un affect purement humain. Quand les vannes s'ouvrent, c'est sous la maladie ou une irritation des yeux, et si l'émotion n'est pas l'apanage des singes-non-poilus, avoir le canal lacrymal comme Venise en regardant Titanic, ca....

Digression. C'est fou comme on peut penser à des stupidités sous le coup du choc. Le futur condamné à mort se demande-t-il s'il a payé ses factures avant de passer à la chaise électrique ?

Et pourtant, Slush et Felindra-tête-de-tigre sont saufs. Ou est-ce Sheena, reine de la jungle ?

Allongé sur le sol humide, là ou de la terre s'est répandu suite au séisme, au milieu des fissures et des craquelures qui courent à travers les veines de pierre.
Il l'a déjà remerciée deux fois et hésite à le faire une troisième. Mais il se tait et ne bouge pas. Il ne rend pas le geste affectif, se contente de rester les bras croisés à fixer le plafond de la caverne, plafond qui ne s'est pas effondré Dieu merci.

Son cœur ralenti et reprend son rythme normal. Son esprit s'éclaircit et son corps répond de nouveau. Il est temps de bouger.

Slush s'est relevé, et s'est dirigé à pas lents vers la double porte. Il est possible de passer maintenant. Pas à travers la porte, non, mais à côté, là ou une fissure s'est ouverte.
C'est de la triche.

Si la porte à double battant était ouverte, la lumière entrerait dans le couloir plus largement. Là elle peine à y pénétrer, ce qui résulte en une obscurité presque totale.
Quant à la fissure... Elle est étroite...
Slush réfléchit. Pourrait-il passer ? Et Sheena, pourrait-elle ?

C'est presque une invitation... Mais...

"Je crois que nous pouvons y passer."

Qu'en penses-tu ?
Et les autres, que font-ils ? Pourquoi ne nous on t-ils pas encore rejoins ? Peut-être que la chute de l'île leur a posés quelques problèmes à eux aussi.

Arrivant du Magasin de fringues

Je suis sonné mais j’ai pas envie de crever ici
Mais qu’elle est lourde… Putain baronne tu t’aurais pu te foutre au régime pendant que je trimais
Je marche tête baissée, on sait jamais ce qui tombe du ciel et j’ai pas envie de le savoir
J’avance sans réfléchir, surtout pas
Je serre son corps sur mon épaule, pas question de la perdre
J’avance avec une idée, rejoindre un endroit dégagé où il n’y a pas un seul immeuble pour nous tomber dessus, jusqu’aux remparts, l’air libre, et se tirer d’ici.

Je titube à moitié sonné, mais je tiens bon
Surement pour les beaux yeux de ma princesse dorée, j’ai envie d’me prendre pour un putain de héro
Pour cette fois, pour ses beaux yeux
En même temps, j’ai ses cuisses sous le menton, et les bas qu’elle a enfilé juste avant tout ce bordel
Ça motive…
Me regardez pas comme ça, j’suis un mec, avec un cœur !

Voilà, on y est
On dirait un escalier creusé dans la roche
Mais, j’y arriverais pas seul

Je la pose, et je l’adosse délicatement contre le mur de roche
Faut que je respire, faut que je me repose
J’suis un peu fatigué là
Epuisé
Je m’assois à côté d’elle qui dort toujours
Je t’entends des voix… ça vient d’en bas…
Ma tête roule contre la sienne
Je ferme les yeux
Un petit somme… juste un moment… le temps de récupérer.