Les allées et sentiers sont parfois labyrinthiques. Il est tout à fait possible de se perdre, et si vous vous trouvez ici c'est que cela vous est arrivé.
Des dizaines et des dizaines de petites rues étroites en pierre qui se ressemblent toutes. Un vrai cauchemar pour celui qui n'a pas le sens de l'orientation.
Courage.

Parfois, des carcasses de golem jonchent le sol et constituent de bon repères pour vous aider à retrouver votre route.

(Arrivant de La passerelle....)

BURP !!!!!!

Ooups !
C’est les frites, ça pousse un peu sur les hamburgers et le coca !

Ouow !
C’est quoi ici ?!

Euh… Maiah, je crois qu’on s’est perdu !

Barbiiiiiieeeeeeeeeeee ! On s’est perdu !!!!
Au secours, au secours !
Aux pompiers, à l’aide, au secours, les flics, la maréchaussée, la poste !!!

J’veux ma mamaaaaan !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

En insistant un peu….

JE VEUX MA MAMAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

BARBIE ON S’EST PERDU-EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!!!!!!!!!!

Mais un tout petit peu quoi.

Et Pinocch se roule par terre avant de sauter dans les bras de Barbie et s’accrocher à son cou comme un vieux poulpe tout pourri qui pue la mer. Comme les moules, oui.
Y lâche plus. Mains serrées, bras serrés, jambes serrées, on dirait un Boa qui fait pas ksss-ksss.

Ouais, je sais, il a oublié sa nouvelle copine, mais en même temps il a préféré les gros tétés. Choisis ton camp camarade, lui c’est une graine de ptit mec, et il sent que l’avenir ressemble à Barbie et le silicone. Alors, il mise sur la filière plastique.

Et soudain, les vibrations augmentent. La pierre se fissure un peu partout sur l'île. L'arche se fend en deux, certains bâtiments penchent et le métal crie à l'agonie un peu partout.
Du côté de l'arche, sa fissure n'est pas suffisante pour s'y glisser. Si la pierre est fendue elle est toujours en un seul morceau et toujours fermée. Inaccessible.
Du côté du Royal Rose, l’aéronef glisse doucement vers le bord de Snjor, à moitié dans le vide et à moitié sur le quai, en équilibre. Si vous vous trouvez toujours dedans, il est temps de sortir avant qu'il ne fasse le grand plongeon.
Dans le dédale, un bâtiment s'effondre non loin d'Amnesia. La poussière retombe et le nuage qui en résulte plonge la scene dans un brouillard surréaliste.
Dans la caverne en bas de l'escalier taillé dans la roche, les portes en pierre tiennent bon. Ce n'est pas le cas, cependant, de la roche qui l'entoure. Un pan de mur s'écroule partiellement. Il est possible de passer mais il faudra se serrer ou être maigre, l'entrée est étroite. Il est possible de l'agrandir si le besoin l'exige.
Dans le magasin de fringue, toutes les fringues se renversent et le bâtiment lui même plie sur ses fondations.
Le reste de Snjor souffre alors que partout le bois se tort et le métal hurle.

Et puis, les vibrations s'arrêtent. L'île chute.
C'est si soudain que votre cœur manque un battement. Sjor tombe !!
Votre corps se soulève du sol et la gravité s'échappe dans les airs. Il est trop tard, tout est terminé, vous le sentez, vous êtes mort.
L'île tombe un peu plus rapidement que vous et vous flottez à un mètre, puis deux du sol. La peur panique vous serre le cœur dans un étau d'acier et vous ne pouvez rien faire d'autre qu'agiter les bras et les jambes comme des pantins désarticulés.

Le temps et votre souffle sont suspendus, puis les vibrations reprennent. L'île freine et flotte de nouveau, et vous heurtez le sol lourdement. Cela fait mal, mais vous êtes en vie. Êtes-vous en vie ?
L'adrénaline court encore dans vos veines alors que vous êtes à terre et vous sentez votre cœur battre dans vos tympans et dans votre poitrine, si fort que s'en est douloureux.
Vous êtes en vie, bande de petits chanceux.

Maman ! Lily !!! C’est la fin du monde ! La fin des temps !
Priez pour nous pauvres pécheurs !!
Surtout pour Lily !!!!
Mais… mais aïeeeeeeeeeeeeee !!!
Mais, mais….
Lily !!!
Tu m’fais mal… Lily… j’ai mal…. Si mal….
Pourquoi tu m’as laissé… tomber…

Moi, j’voulais une maman… juste une maman… je voulais pas la lune, tu sais…
Juste une maman
J’ai pas de maman, tu sais, je sais pas s’que s’est d'avoir une maman…
Ça doit être bien d’avoir une maman…
Lily… c’est comment une maman ?
Ça fait du chocolat, c’est ça ?
J’ai jamais eu de chocolat, ou alors, il était pas bon
C’était pas celui d’une maman…

Tu sais, là bas, au pensionnat, ils sont pas gentils… ils ont pas dû avoir de maman, parce que des fois, ils nous font mal… et les mamans, ça  fait jamais mal, pas vrai, dit Lily ? Ça fait jamais mal les mamans…
Pis moi, je suis trop petit, alors c’est facile de me faire mal. C’est ce qu’ils font là-bas, tu sais. Surtout moi, je suis trop petit et eux, ils sont grands comme toi. Ils sont forts aussi et moi…, moi je suis pas très fort.
J’ai des gros biceps ! Regarde ! Mais…. Ils sont pas assez gros, alors je me défends avec mes petits poings et pis mes biceps trop petits. Je me laisse pas faire, tu sais ! Oh non, non…, je me laisse pas faire… Tu sais, Lily, je suis trop petit, et ils me font mal.
Mais toi… dis Lily, pourquoi t’es méchante comme eux ?
Tous les grands sont méchants alors
C’est ça Lily ?
Tous les grands…

Pinocch parle seul, dans une sorte de demi-sommeil, le choc sans doute. A moins que ce soit les réminiscences de souvenirs… Il a parlé du curé et de la petite pièce au fond de l’église ?

Il se redresse en appuyant bien fort ses coudes pointus dans les côtes de Lily, mais il ne le fait pas exprès. Ou juste un peu. C’est un enfant, il est espiègle même dans l‘adversité et dans le foutoir.
Puis, il glisse sur son ventre caramel mou. Lily, faut arrêter les steaks hachés ! Et retombe nez-à-nez avec les doudounes de Lily. Ça fait un genre de bruit comme… de la gélatine Anglaise et… de la gélatine Anglaise. Un truc flasque, flottant, rebondissant… Alors Pinocch s’assoit dessus et se met à sauter avec son p’tit cul et à rebondir ! Boom… Boom… ou plutôt Floc-Floc…
Non, je déconne.

Le gamin se lève et fait quelques pas, maladroit, fébrile, il écrase la main de Lily qui trainait sous son pied.
Il regarde le petit corps de sa nouvelle copine, allongée comme un ange, elle dort surement et comme c’est un gosse et qu’il est gentil pas comme les grands, il la soulève et la traine comme un sac pour poser sa tête sur les doudounes de Lily. Faut bien que ça serve d’avoir des trucs aussi gros et flasques.

Puis, il s’en va. Il doit trouver sa maman, vous avez oublié ?
Alors, il marche au milieu des petites rues qui se ressemblent toutes, des décombres et du silence terrifiant.
Il marche et marche, et il pleure, fatigué, toujours secoué par la secousse, perdu, effrayé…
Il fait encore des pas… des pas… Plein de PAS. Mais alors, plein DE PAS !

:p