Je reviens. A mes pieds un cadavre, à ses pieds un autre cadavre et à ses côtés Dahlia.
Je reprend conscience de moi peu à peu.
Si beaux jardins, si épaisse et gluante texture sur mes mains, un éclair rouge ... je respire lentement, je me force au calme.

Je lève les yeux sur la ville vue d'ici.
Mon avenir est il entre ces murs?
Je voudrais ne jamais être venu, être encore dans le quartier sombre et enfumé, les murs grisés par la pollution.
Parfois on s'en va pour des rêves et au final ce qu'on quitte nous manque.
J'aimerais retrouver les bras rassurant de ma sœur. Pense-t-elle à moi là en bas?
Je cherchais des réponses, je cherchais la paix. On ne peut pas dire que cela soit un succès.

Je suis là avec Dahlia mais quel sens cela a...
Je perd mon objectif.
Je dois rejoindre la bibliothèque, fouiller dans les archives. C'est là que je dois être et pas couverte de sang au milieu des jardins.
Je ne la laisse pas me toucher, je ne la laisse pas me réparer. Pas encore.

" Dis... et si on les mettait là bas" je désigne un trou apparemment formé par un glissement de terrain lors des attaques . Un trou béant aux pieds de grands arbres tordus dont j'ignore le nom. Mais cela fera l'affaire.

Juste un instant après je laisse glisser le corps le long de la terre blessée. C'est étrange un corps sans vie, un pantin désarticulé.
J'ai un frisson horrible dans le dos.
Tout ce que je veux c'est oublier.

Je plonge mes mains souillées dans la terre, je les frotte jusqu'à ce que le sang disparaisse tout en cherchant une fontaîne ou tout autre source d'eau , de fraîcheur, de propreté.

" Mon Dieu Dahlia je veux en finir avec tout ça, je dois aller dans les archives voir ce que je peux y trouver sur mon père. Et ensuite je fuirais cette île de malheur. Je te le jure ! je ne pourrais pas rester ici . Simplement aller trouver ce pour quoi je suis là et m'en aller. Voilà ce que je veux. Après un bon bain!"

Encore un changement. Je le vois dans ses yeux. Cette petite flamme intrépide qui y brillait n'est plus là. A sa place, je ne distingue plus qu'un profond lac de détresse.

J'ai quelques réticence à mettre la soldate dans le même trou que l'autre, mais après tout, ce n'est pas elle qui ira protester. Et puis, reposer dans un si joli jardin, ce n'est pas si mal.

Je me relève, au prix d'un coûteux effort, et traîne le cadavre jusqu'au trou. On ne s'étendra pas trop sur le sujet avec Lindblum, j'ai cru comprendre qu'il accordait de l'importance à ce qu'on faisait de la viande morte. Moi, je m'en fiche, débarrassons-nous en vite, pour faire de la place au vivants !

Elle parle de fuir... Fuir pour aller ou ? Y a-t-il plus bel endroit en bas ? J'en doute. Elle est l'une des rares qui soit digne de mon amitié. Je ne veux pas la perdre.

Allons, calme-toi, c'est fini. Ça a été dur, je sais, ça l'a été pour tout le monde, et il a encore fallu faire le ménage, mais c'est fini maintenant. Cette île a retrouvé la paix. Il n'y a plus de traître, plus personne d'ailleurs, à part nous. Lindblum reviendra bientôt, nous apportant des bonnes nouvelles de notre blessée, j'en suis convaincue.

Je ponctue mon discours de sourires, de regards encourageants. C'est trop bête de baisser les bras quand tout est terminé !

Plus de cadavres, je te le promet. Ni de saleté, ni de puanteur, ni de toit trop bas... Nous allons repeupler Snjor ! Ce sera une belle aventure, lumineuse.

Et les petits Snjoriens que tu pondra avec ton génie de fiancé défileront dans mon temple pour recueillir la bénédiction de la divine féline. Ils s’agenouilleront devant moi, je poserais ma patte miséricordieuse sur leur front, et je dirais « Je te bénis, mon fils », et les parents pleureront d’allégresse de savoir que leur enfant aura connu, au moins une fois dans sa vie, la plus douce des caresse par le contact de mon soyeux pelage sur leur jeune peau. Mais ça je ne le dis pas, je le noie dans un sourire tendre.

Je comprend que tu sois lasse. Je le suis aussi. Et je rêve d'un bain également ! Mais tu n'auras pas de bain avant que j'ai rafistolé ton bras, je te l'interdis. Dans l'état ou il est, tu risquerais de rouiller. Je ne peux pas tolérer la négligence d'une si belle création. Nous avons le temps, l’île ne risque plus de tomber. Je vais te réparer, et ensuite... Tu ira prendre un bain si tu veux, moi je dois encore libérer un ami.

Slush... Je ne peux m’empêcher d'imaginer comme chaque seconde doit être une torture pour lui. Il ne sait rien, il a laissé sa vie entre mes mains. Je l'ai sauvée, bien sur, je le sais, mais lui ne le sais pas...

Allez, dépêchons, viens par ici, ce ne sera pas long, ni douloureux. Il faut juste que je huile le tout, et que je change les pièces défectueuses. Beau comme c'est de l’extérieur, je ne doute pas que ton père ai été un créateur soucieux. Ce doit être très soigné à l’intérieur aussi, je ne devrais pas avoir de mal à trouver le problème.

Elle est gentille Dahlia malgré sa mégalo... Elle se prend vraiment pour la plus grande, la plus intéligente et j'en passe.

Mais je suis mal placé pour critiquer vu qu'une part de moi est assez consciente de ma valeur personnelle et profonde.

"Rouiller? non je ne peux pas , c'est un alliage spécial, pas de rouille. ça doit être tordu, faut redrésser! Quant à repeupler je ne suis pas certaine de pouvoir, il me faut un compagnon pour ça et qui voudrait de moi? Je n'ai jamais eu personne et je n'aurai jamais personne. Ce n'est pas faute d'avoir essayé" Je lâche un petit rire crystallin, aie ... la voilà, elle pointe le bout de son infatigable séduction, la voix miélleuse, le corps dans une pose provoquante, un demi sourire enjôleur.
Elle est là .
May
Oui voilà , c'est moi! Celle qui chasse et cherche à combler l'incroyable manque de compagnie dont Matilda souffre.
La féline, veut prendre soin de moi? Pas de soucis, elle est si jolie.

" Il n'y a d'ailleurs pas que la procréation dans la vie n'est ce pas? Il y a aussi la douceur et le plaisir, et ce que les hommes ne peuvent donner , les femmes n'ont pas de raison de s'en priver"

Je glisse ma main délicatement sur son avant bras, c'est tellement doux.

" Je pense que l'on vous a déjà dit que vous êtes magnifique, je m'appelle May, enchantée de vous connaître demoiselle , je vous laisse réparer ce bras, j'ai pleine confiance en vos mains de velours"

C'est tellement agréable de laisser s'exprimer le désir de séduire, de faire glisser la voix comme une caresse. Et j'avoue que je ferais bien ronronner mon interlocutrice.
La vie est si courte et Matilda n'en a pas encore profité assez. Il serait temps que quelqu'un succombe. Car malgré la mécanique c'est une femme qui vibre sous cette peau blanche comme le lait.
Et les chat aimant le lait , on pourrait peut être s'entendre.

La voila. La quatrième. The Dark Side Of Matilda.

A nouveau, c'est le changement de voix qui m'a averti avant tout. Son attitude, ses propos. c'était donc ça, qui gênait Matilda. Il n'y a vraiment pas de quoi, elle au moins elle a trois autres personnalités. Il y en a qui n'ont que celle là. Et avec un corps beaucoup moins attrayant que ça en plus.

Son bras s'enroule autour du mien. je ne bouge pas, attentive à ce qui va se passer ensuite. Il sera toujours temps de lui mettre un bon coup de griffe plus tard, si elle va trop loin.

Et voila ! On obtient toujours ce qu'on veut avec des sourires, je l'ai toujours dit. L'occasion est trop belle, je décide de rentrer dans son jeu.

Je suis ravie de te rencontrer enfin. Moi c'est Dahlia. Mais je craint que nous n'ayons le temps nous éterniser avec les courtoisies de bases, et que nous ne devions passer sans plus attendre au stade supérieur de notre relation. A cause de ton bras.

Je susurre, fais battre mes longs cils sur un regard plein de promesse, puis me met en marche sans manquer de faire rouler mes hanches un peu plus que l'habitude, et de caresser distraitement la peau fine de son bras de mes doigts fins. Cela faisait longtemps que je n'avais pas joué au jeu de la séduction, mais il va sans dire que c'est mon terrain de prédilection. Je le retrouve avec délectation.

J'espère tout de même que les trois autres ne peuvent pas voir la scène, j'aurais des remords à être l'une des actrices de la première scène érotique à laquelle assistera la petite Maty. Et j'ai peur que Matilda m'en veuille. Enfin c'est purement professionnel, j'ai là une chance unique d'avoir sa coopération pour réparer son bras, il ne s'agirait pas de la laisser passer. D'autant que j'ai toutes les cartes en main.

Je me penche vers la boite à outil, non sans manquer de lui laisser admirer la perfection de mon fessier, ni de lui offrir un angle de vu confortable sur mon décolleté.

j'ai trouvé !

Je brandis un tournevis au manche épais, en lui adressant un regard charmeur et un demi-sourire entendu. J'excelle dans ce domaine. J'ai fais marcher tellement d'homme comme ça, ce ne devrait pas être très différent avec les femmes. Surtout pas avec celle-ci.

Approche, je vais t'examiner.

Tu veux jouer au docteur ? On va jouer. J'espère juste qu'elle va rester tranquille pendant que je l'étudierais, et que je n'aurais pas trop de mal à la faire changer de personnalité après ça...

Elle est joueuse , pour un chat aussi humain soit-il c'est logique.
Elle rêve de voir de près ma belle mécanique c'est évident, et elle se dit qu'ainsi je serais plus docile.
Pourquoi pas, la manipulation fait partie des rapports humains, on s'y plie pour obtenir ce que l'on désire.
Je n'ai rien contre.
Je veux bien faire semblant de ne pas voir qu'elle essaye de me tourner la tête , juste comme ça pour le challenge.

Je crois qu'elle aime plaire, et s'en servir.
Je me doute bien que je n'arriverais pas à mes fins, et ce n'est pas un problème.
La vue en vaut le détour, et j'y plonge du regard.
"J'ai toujours aimé la géographie, monts et valées, colines et plaines. Une invitation à la randonnée, à l'exploration et à la rêverie... "

Ai-je dis ça à voix haute?
"Je sais bien que vous avez trés envie de voir comment je suis faite... et je n'y vois aucun inconvénient. Votre provocation est charmante, mais je vous aurais montré de toute manière"

Contrairement à ce qu'elle pense Snjor n'est pour moi qu'un passage. Je retournerais sur le continent dés que possible.
Je la laisse me réparer mais une seule idée obsède nos quatres personalités, fouiller la bibliothèque à la recherche des travaux de Père. Après j'irais retrouver ma soeur.

J'enlève ma chemise, ne  laissant que le marcel que nous a prété Marlone, l'homme au chapeau aujourd'hui mort ou disparu.
Il faut dire qu'il nous va bien ce maillot à fine bretelle, et qu'il laisse apparaître tout l'ouvrage de mon bras, de la moitié de mon cou.
Et là je vois que j'ai été bien abimé par les diverses chuttes des dernières heures.
Défoncé et tordu à l'articulation, le bel ouvrage a perdu de sa superbe, et du coup moi de même. Mon sourire enjôleur retombe et je jette un regard désespéré à Dahlia.
J'espère vraiment qu'elle est capable d'arranger ça.

Docile, elle se dévêt, et je lui adresse un sourire satisfait. Qu'elle l’interprète comme elle voudra, mais je suis réellement satisfaite qu'elle se laisse enfin faire.

Aouch... c'est pas beau à voir. J'espère que le paternel ne s'est pas amusé à lui mettre un système de nerfs et de douleur en gadget... Je ne pense pas. la douleur, c'est inutile, et il avait l'air suffisamment malin pour s'en rendre compte.

Je vois le visage de ma petite dévergondée se décomposer, et je change de gamme de sourire pour lui sortir celui qui se veut rassurant. Je fige mon expression, et réfléchis à toute vitesse. Comment je vais m'y prendre ? J'ai peur que le système d'ouverture lui-même en ai pris un coup, et de ne pas réussir à aller voir à l’intérieur.

Ne t'inquiète pas, je vais arranger ça.

Ne pas montrer que je suis presque autant paniquée qu'elle. Ne pas laisser ma voix trembler, ne pas détourner le regard, ne pas perdre ce sourire... Et trouver une solution, vite. Je lui prend délicatement le bras, et commence par chercher le fameux système d'ouverture. Comme prévu, la tôle froissée m'empêche de l'actionner. Il va falloir commencer par réparer de l’extérieur, comme je l'ai fait pour Bruno. Oh Bruno ! Ou est-il actuellement ? j'espère qu'il va bien.

Je secoue la tête. Slush et Bruno sont les prochains sur ma liste de secours d'urgence, mais pour l'instant, je dois m'occuper de Mathilda. Je repose mon tournevis et sors de la boite une dizaine d'outils plus adaptés pour travailler le métal.

Ça risque d'être un peu long mais ne t'en fais pas, on va te réparer.

Ça j'en suis sure. même si je dois y passer ma journée, je ne la laisserais pas repartir dans cet état. Je lui adresse un dernier sourire encourageant avant longtemps, puis adopte mon expression concentrée, l'une des seule que je n'ai pas eu besoin de perfectionner. Et je plonge dans le travail.

La sulfureuse s'évanouit dans la nature Matilda est de retour et devient rouge pivoine.

Se rendre compte qu'on se trouve dénudée, enfin presque. Bon n'éxagérons rien non plus.
" faites comme vous pouvez, moi tout ce que je veux c'est trouver les dossiers de mon père et rentrer chez moi. J'ai laissé ma soeur toute seule depuis trop longtemps. Tout ce cauchemar sur Snjor m'a fait penser à elle.
Et elle a besoin de moi! Dès que ce bras fonctionnera un peu je ferai  mes recherches.
Mais...
Comment je vais redescendre? "

Je suis totalement perdu. Mes personnalités sont trop incontrolables.

" je ne resterais que quelques jours, je suis certaine que la bibliothèque doit avoir un classement rigoureux et que mes recherches seront rapides.
d'ici deux jours , je serais prête à partir. Si jamais vous ne pouvez pas réparer ma soeur le pourra. Elle est douée. Elle a déjà fabriqué tout un tas d'automates. "

Je me dandine d'un pied sur l'autre, je ne peux m'en empêcher. En fait j'ai hâte de faire ce pour quoi je suis là.
Vite... Vite...

Je n'aurais même pas eu à faire d’efforts pour faire revenir Matilda. Le changement de ton du à la gravité de sa situation l'a fait revenir d'elle même. Je ne relève pas la tête de mon travail, mais tente de mettre un sourire dans ma voix. Je suis contente qu'elle soit revenue. Elle est ma préférée des quatre.

Tu as une sœur ? Je ne savais pas.

Pour nourrir la conversation, rien de plus. Je sens bien qu'elle a besoin de parler, mais je suis trop concentrée pour m'intéresser vraiment à ce qu'elle dit. D'ailleurs, je feins d'être trop absorbée par mon travail pour l'entendre me demander comment redescendre. Je suppose qu'il n'y aurait qu'a attendre Lindblum qui ne tardera pas à revenir, mais je ne veux pas la voir partir. Elle me manquerait.

Eh bien, voila que je m'attache aux autres maintenant. c'est nouveau. Et la preuve d'une faiblesse détestable. Je n'ai pas besoin d'elle pour continuer être parfaite. Je n'ai pas besoin d'elle. elle n'a qu'a partir si elle veut. Je m'abstient pourtant de lui répondre...

Un brin d'agacement quand elle émet l'hypothèse que je puisse échouer. Qu'une autre serait plus talentueuse que moi. Sa sœur. Sa sœur ? Voila qui me donne des idées.

Tu n'auras pas à donner cette peine à ta sœur. J'ai déjà eu affaire à des cas bien pires.

Je me tais avant de devenir trop prétentieuse, ce qui m'a semblé lui être désagréable. Je ne vois pas en quoi s'estimer à sa juste valeur puisse-être un défaut, mais puisque c'est ainsi...En venir aux faits.

Ta sœur s'intéresse à la mécanique ? Dans ce cas, pourquoi ne pas la faire venir ici ? C'est un endroit merveilleux, pour ceux qui s'intéressent à ce domaine. Et le docteur Lindblum est un professeur extraordinaire.

Et comme ça, si la sœur viens, elle, elle reste, et je lui sors ses sales idées de s'en aller loin d'ici de la tête...

Arrête de bouger s'il-te-plait, j'ai presque fini.

Je corrige un dernier défaut, m'empare du tournevis et actionne le système d'ouverture. Et, sous mes yeux émerveillés, se déroule le plus beau système qui m'ai été donné de contempler. Des centaines et des centaines de minuscules éléments s'imbriquant à la perfection, et tournant doucement au rythme du cœur de Matilda. Des centaines de petits éléments cuivrés qui captent les rayons du soleil, et se les renvoient, pour étinceler dans milles directions. Le soleil dans le bras de Matilda. La plus parfaite des mécaniques. Un chef-d'oeuvre comme je n'en avais jamais vu.

Je fini par reprendre conscience de moi même, et me rend compte que j'ai les yeux et la bouche bien de trop ouverts pour conserver mon élégance. Je les ferme précipitamment. Puis je relève le regard lentement vers le visage de Matilda, encore un peu sous le choc.

C'est... merveilleux.

Professionnelle, je me re-penche sur la divine création, à la recherche du problème. Je le repère, là, en bout de chaîne heureusement, une roue qui s'est tordue, puis bloquée. Mes doigts, aussi fins soient-ils, ne le seront pas assez pour travailler cette toute, toute petite pièce. Je me penche par dessus la boite à outils, et en sort une pince minuscule. Et, avec toute la délicatesse que je peux mobiliser, je m'applique à redresser la pièce, millimètre par millimètre.

"Oui Dahlia c'est merveilleux . Et c'est le travail de génie de mon père. Ses carnets sont là, c'est ce que je cherche. Si tu m'aides à les retrouver peut être ça t'intéressera aussi."

Elle semble vraiment vouloir que je reste mais j'ai trop à perdre en restant ici.
Il n'y a rien ici, aucun de mes souvenirs. Personne que je connaisse.
Je ne m'étendrais pas sur le sujet avec elle.
Je ne voudrais pas lui faire de la peine.

" Vous pensez que la femme que nous avons mise au lit va bien, et votre ami? nous devons le chercher aussi! Vous avez beaucoup à faire ici avec Lindblum, il va revenir et sûrement vous donner une mission. Si mon départ vous dérange tant venez avec moi, le travail de ma sœur, de mon père... tout ça dans notre maison sur le continent . Je pense que vous aimeriez les étudier. "

Je la regarde travailler avec minutie, je ressent une forte émotion à observer les mécanismes. Je ferme les yeux, au delà de l'incroyable invention sous mes yeux, je revois l’événement, et je le repousse de toute mes forces. Je ne veux pas m'en rappeler, jamais! La haine, la violence, son visage personnifié dans celui de... Non! je respire doucement pour me calmer, les larmes coules.

Je me détourne pour qu'elle ne le remarque pas.
Je pense à de beaux moments, à de doux moments pour effacer la boue de mes souvenirs.

Je continue de l'écouter distraitement, trop absorbée dans mon travail pour lui manifester un réel intérêt. Cela ne semble par la déranger. Elle à l'air profondément bouleversée par les récents événements, et je sens en elle un besoin d’extérioriser tout cela. Qu'elle fasse donc, ça me fait toujours un accompagnement sonore. Je hoche la tête de temps en temps, pour feindre un intérêt et l'inciter à continuer. Je lui répond par onomatopée de temps en temps.

Slush. Oui. Tout à l'heure.

Bien sur que non je ne l'oublie pas. Mais si tu arrêtais de te tordre à chaque mouvement, petit automate, je pourrais peut être mieux me consacrer à lui.

Je suis un peu irritée qu'elle se rende compte de mon attachement à elle. Je n'ai pas besoin d'elle. Pas besoin d'elle. Personne ne mérite mieux ma compagnie que moi-même, aussi je serais bien mieux quand elle sera partie et que je pourrais goûter la douceur de ma solitude dans mon temple. Oui. C'est ça, je serais bien mieux sans elle. Bien mieux !
Mes doigts dérapent soudainement. Le bruit de mon outil s'entrechoquant avec le mécanisme résonne dans le bras de Mathilda. Zut. C'est de sa faute aussi, à tout le temps me parler pendant que je travail ! Elle ne voit donc pas que je suis occupée, et que je n'ai que faire de ses jérémiades pour que je l'accompagne ? J'examine mon erreur. Ce n'est rien. Ce n'est pas passé loin, mais ce n'est rien.

Arrête de bouger.

Mon ton est sec. Un peu trop pour la petite fleur de métal à laquelle il s'adresse, je m'en rends compte. Elle a bougé c'est vrai. Sa respiration était devenue irrégulière, et son bras s'était mis à trembler légèrement comme si... Elle pleurait ?

Allons, ne t'en fais pas, nous nous reverrons. Le docteur Lindblum et moi serons heureux de vous accueillir en vacances ici, ta sœur et toi. Et si vraiment tu ne veux plus remonter, je viendrais vous rendre visite, je te le promet.

Pauvre créature, quel déchirement ce doit être que de devoir choisir entre moi et sa propre sœur. Je pose une patte rassurante sur son épaule tandis que je renferme délicatement la merveille mécanique derrière la paroi cuivrée qui simule la peau lisse de Mathilda.

Nous ne nous quittons pas tout de suite, la bibliothèque est dans la même direction que l'observatoire je crois.