Les lueurs de l’aurore dansent au-dessus de nous, dans de larges rubans dépliés qui se courbent avec douceur à travers la neige et le vent.
Les flocons ne s’arrêtent jamais. Pas ici. Pas sur ces terres désolées.
Il n’y a rien. Des montagnes, des plaines et parfois des petits lacs d’eau gelée.
La neige tombe lentement et recouvre le corps de mon ami. Je me suis laissé tomber sur le dos, laissant rouler mon sac à mes côtés.
Il n’y avait pas de Citadelle. Il n’y en a jamais eu. Il n’y a que le froid et le vent, rongeant ce qu’il reste de chaleur en vous jusqu’à ce que la dernière étincelle de vie ne vous quitte.
J’ai fermé les yeux, et j’ai attendu.
Hé…
Sa voix perce faiblement l’amoncellement de neige qui le recouvre.
Je ne crois pas avoir assez de force pour me relever… J’ai entendu un bruissement dans la neige suivie d’un de ses grognements.
Vous m’avez prévenu qu’il ne fallait pas s’endormir, dis-je. Restez éveillé.
Je me suis relevé tant bien que mal pour donner l’exemple, et j’ai flanché un instant pour retomber les deux genoux dans la neige. Quant au vieil homme, il est resté allongé.
Juste quelques instants… Juste …
Ses derniers mots furent avalés par le vent.