Réveillée par le clapotis de l'eau contre la berge, je m'étire lentement.
Le noir complet m'entoure toujours, rien a changé, je dois me rendre à l'évidence, je ne vois rien, rien de rien.
J'entends, je sens et je ressens, très bien même, mais je ne vois rien du tout.
Un peu engourdie par l'humidité ambiante, je me relève temps bien que mal quand un tout petit bruit de pas (plutôt, de pattes, je devrais dire) me fait tourner la tête vers la droite, d'un geste sûr, j'attrape un petit animal qui passe juste à côté de mon pied.
Un rat peut être, en tout cas, c'est petit, poilu et ça couine.
Je ferme les paupières et ça commence...
Tout est noir et blanc et tellement grand, deux couettes et un visage enfantin ça me va plutôt bien.
Je dois me dépêcher, je sens déjà que le petit animal commence à paniquer, apparemment les animaux aussi ont des cauchemars et je suis en train de les lui rappeler.
Je tourne l'animal dans tous les sens afin de „voir" le maximum de ce qui m'entoure à l'aide de ses yeux, pas évident, faudra choisir quelque chose de plus grand la prochaine fois.
De l'eau, beaucoup d'eau, la mer sûrement et qui dit mer dite port, je suppose donc que je suis sur les quais, il fait sombre, mais pas noir, ça doit être le début du soir.
Personne aux alentours.
Le rat panique et commence à se débattre, ces petites dents pointues s'enfoncent sans pitié dans la chair de ma main.
Mais aïe !
Je le jette au sol, perds la „vue" et entend ces petites pattes tapoter le sol en s'éloignant vers une des ruelles.
Je le suis, faut bien que je bouge de là alors tant qu'à faire....