Je suis arrivée ce matin à l'auberge. J'ai l'habitude d'y passer, je m'y arrête presque à chacun de mes passages par la capitale. Le patron me connaît bien. Je n'aime pas trop ça, mais je me comporte comme un vieil ivrogne quand je rentre dans son auberge, je m'accoude au comptoir et je dis, « comme d'habitude ». Et il revient peu de temps après avec un plat fumant, que j'avale toujours assise à la même table. Des vieux ivrognes, il y en a des tas ici, qui passent leur journée à vider les bouteilles de la réserve, en se faisant le relais des informations que donnent certains voyageurs qui passent par là. De là ou je suis, je peux écouter toutes ces conversations, sans trop me faire remarquer. Mais aujourd'hui, je crois que pour la discrétion, c'est raté.
    Je connaissais bien cet homme qui parlait, il venait là parfois, et je l'écoutais souvent. Il tenait une boutique de journaux, et avait toujours des choses à raconter, que cela vienne des journaux ou de ses clients. Il n'avait jamais dit quelque chose qui se soit avéré faux, ou anodin. Plusieurs fois je m'étais fiée à lui, quand il avait dit « Une bataille violente va avoir lieu sur la côte », ou « Le roi fera à discours sur la grande place ». J'avais ramené des beaux clichés, qui m'avaient permis de vivre pendant plusieurs mois. Bref, cet homme était une mine d'or de renseignements utiles. Et aujourd'hui, il a parlé de cette ville volante. J'étais sur le point de quitter l'auberge après mon déjeuner, quand il à commencé à évoquer ce sujet. Je me suis arrêtée net au milieu de l'auberge, et j'ai écouté. Une ville immense, fonctionnelle, et pacifiste. Une ville magnifique avec une vue sublime. Un endroit paisible, où tout reste à faire. Je n'aime pas trop me mêler aux conversations qui ne me sont pas destinées, mais là, j'ai fais une entorse à la règle. J'ai fait demi-tour, je suis venue m’asseoir à coté de lui, et je lui ai demandé

  Cette ville volante dont vous parlez, comment avez-vous dit qu'elle s’appelait ?

    Il a grommelé une réponse que j'ai dut lui faire répéter trois fois pour la comprendre. Snjor. J'ai fais glisser ce nom dans mon esprit quelques temps. Il me plaisait bien, je m'y sentais chez moi. J'ai demandé au patron s'il avait du papier et un crayon, et j'ai écris une lettre à ma mère, que le vendeur de journaux à lu par dessus mon épaule. J'ai mis la lettre dans une enveloppe, et je l'ai glissée dans mon sac, dans l'idée de la poster dès que je le pourrais. J'ai regardé ma montre. Je n'aurais jamais le temps de rallier la ville la plus proche avant la nuit maintenant. J'ai prévenu le patron que je passerais la nuit à l'auberge, puis je suis restée assise là, près du comptoir, à coté de cet homme qui avait parlé de Snjor. J'avais mille questions à lui poser, mais il n'avait pas eu l'air d’apprécier me parler, alors je me taisais. J'ai sorti les quelques pièces que j'avais trouvées pendant la matinée dans la capitale pour mon appareil. J'avais l'impression qu'on pouvait faire plus, que je pouvais faire évoluer mon appareil vers quelque chose d'autre... J'avais une vague idée, de mouvement... Mais comment ? Je me suis obstiné tout l'après-midi sur cette idée, mais j'ai du m'avouer que je ne devais pas avoir les bonnes pièces, ou les bonnes idées. J'avais été tellement absorbée dans mon travail que je n'avais pas fait attention au marchand de journaux qui était resté assis à coté de moi, silencieusement, vidant son verre, tout doucement. Alors que je rangeais les pièces dans mon sac, il s'est penché vers moi :
  -Vous avez l'intention d'aller là bas, n'est-ce pas ?
  -Oui, vous....
  -Alors évitez de le dire trop fort. C'est tout ce que je peux vous conseiller. Je crois que le roi...
    Il s'est interrompu brutalement. Une femme venait d'entrer dans la taverne, ses cheveux blonds en bataille, et les vêtements sales. Elle est venu près de nous sans nous voir, à demandé un plat chaud et une chambre, puis est partie s'asseoir dans le coin le plus sombre de la salle. Pendant que je la dévisageais, le marchand s'est penché vers moi
  -Je n'aime pas trop ça, cette fille ne me dis rien qui vaille. Je serais vous, je partirais sans tarder. En tout cas c'est ce que je vais faire. Bonne soirée mademoiselle.
    Pour la première fois, je ne l'écoutais que d'une oreille. Cette fille avait quelque chose qui se dégageait de son expression. Un air de... je ne sais pas, quelque chose dans le regard qui me plaisait bien. Je posais la main sur mon appareil photo, accroché à ma ceinture. Peut être qu'une fois qu'elle se sera un peu décrassé, elle accepterait que je la photographie... J'avais besoin de m’entraîner à photographier des portraits. Je finis de ranger les pièces dans mon sac, le passait sur mon épaule et me dirigeait vers sa table.

  -Bonsoir. Je vous ai vu arriver et... Il s'avère que je suis photographe, je me demandais si vous accepteriez d'être mon modèle, si vous aviez quelques instants  à m'accorder ? Quand vous aurez fini votre repas, bien sur.

  « Et que vous vous serez lavée pensais-je »

Assise à ma table, j’attendais, que le temps passe, en silence.
Cette fois c’était sûr on me laissera tranquille, je pourrais me reposer et commencer une nouvelle vie, remplie d’aventures et de magie.
Et peut-être y trouverais-je la pièce qui me manque.

Tic-Tac Tic-Tac …Tac

Je caressais mon bijou, cachée dans ma poche.

De ma place j’observais les alentours.
Il y avait là une belle collection de personnages, les plus nombreux devaient être, les soûles avachies sur leurs tables, la chope à la main.
Suivit d’une poignée de silencieux accoudés au comptoir, qui pour sûr, devaient me regarder.
Des filles ? Non, je n’en voyais pas. Peut-être y avait-il une serveuse quelque part...

Cet endroit n’est pas des plus fins, pensais-je.

Avec le peu de lumière, que diffusent les lampes hideuses, accrochées au mur, on arrivait tout juste à distinguer des images de bateaux, de fleurs, de gens proche d’un port, je trouvais cella sublime, toutes ses moments capturées et accrochées là, dommage que l’endroit ne soit idéal pour de tels œuvres.
Sentant les regardes instants, je pensais que ce ne devait pas être habituel qu’une fille soit dans cette auberge, ma fois, maintenant que j’y étais, j’y resterais. Cela serait mal vu de partir, et d’autant plus que la nuit est tombée.

La serveuse venait m’apporter ce que j’avais demandé, ainsi qu’une clé, celle de ma piaule.

Je la remerciai d’un signe de la tête, accompagnée d’un petit sourire et au même moment de déguster ma première bouchée, un jeune homme apparu, sans dire son nom, simplement en disant qu’il était photographe et qu’il cherchait une modèle.

Tout en déposant ma fourchette dans l’assiette, je glissai ma main dans mes cheveux pour dégager un peu plus mon visage, et le regarder de mes yeux bleus.

« Bonsoir Monsieur», je marquais une pause..

« Un moment à vous accorder, cela peut se trouver, ainsi vous pourrez m'expliquer ce que vous entendez par modèle, par contre je dirais que ça se fera après une bonne douche et pour ma part cela me conviendrais demain matin, car là, je suis quelque peu exténuer par mon long voyage. »

« Qu’en pensez-vous ? »

Monsieur ?! Bon sang, je savais que j'étais un peu négligée en ce moment, mais là tout de même, c'est au delà de ce que je pensais... Bon, c'est officiel, je travaille trop, il faut que je prenne un peu de temps pour moi, que je prenne un peu soin de ma féminité... Un tout petit peu. Bon, quoiqu'il en soit je n'avais pas à avoir honte, puisqu'elle n'était pas non plus très soignée.

    Pardonnez-moi, mais je crois que vous faites erreur... hum.. En fait je suis une fille... Ne vous en faites pas ce n'est rien, vous n'êtes pas la première !

    en réalité si, c'était la première à me prendre pour un homme, mais je ne voulais pas qu'elle se sente gênée. Il n'y à pas de modèle plus désagréable que le modèle gênée. Je lui ai adressé un grand sourire, pour bien lui signifier que l'incident était clos.

    je peut m’asseoir ?

    Je me suis assise en face d'elle sans attendre de réponse. Mon sourire s'est élargit discrètement quand elle m’a annoncé qu'elle voulais prendre une douche avant. Voila un problème de réglé. Ç’aurait été délicat de le lui demander tel quel. Il ne me restais plus qu'a lui expliquer ce que j’attendais d'elle. Je suis restée pensive un instant, cherchant mes mots, puis je me suis lancée :

    Voyez-vous, je m'apprête à quitter Meliadus, peut être pour très longtemps. Or, j'ai comme grandit dans cette ville, et j'aimerais en emporter un souvenir avec moi. Des photos. Or, tous les clichés que j'ai put prendre de la ville au long de ma carrière me semblent bien vides. Les gens ici semblent vides vous voyez ? Ils ont le regard creux, l'air absent, on ne lis rien sur le visage, ni joie ni tristesse. Une vague idée de sérieux peut être. Ce n'est pas intéressant pour une photographe. J'ai essayé de photographier la ville seule aussi, la nuit, ou tôt le matin, quand les rues sont encore désertes. Mais les seules photos que j'arrive à en tirer sont tristes à mourir. Ce n'est pas cette vision de ma ville que je voudrais emporter avec moi. Quand je vous ai vu entrer dans cet endroit, j'ai vu la solution à mon problème. Un sujet qui semblait être doué de sentiments ! Alors j'aimerais pouvoir vous photographier dans Meliadus, aux lieux qui me sont chers. Pour emmener avec moi des photos qui ne sont ni tristes ni ternes, et pouvoir les observer avec mélancolie quand je serais loin d'ici...

    Satisfaction. C'est exactement le mot qui décrirais mon état actuel. Mon discours était très convaincant. Parsemé parfois de quelques informations un peu modifiées, mais qui sonnait juste. C'est le principal. J'ai relevé la tête, tout sourire, pour recueillir son accord.