On dit souvent que l’enfer c’est les autres. C’est pas faux. Mais l’enfer c’est aussi le port de Cor Caroli !
Je hais ce port ! C’est une vrai fourmilière où les fourmis sont remplacées par des navires en tout genre, où des passages étriqués entre les vaisseaux se substituent aux galeries souterraines, où la reine se voit flanquer d’une casquette aux armes de la capitainerie et ne sait pas gérer ses troupes qui s’amarrent à la mord moi le noeud ! Grrr... Je hais ce port ! Pas le choix... c’était le plus près... soupir...
Machines à l’arrêt après une attente interminable pour avoir enfin une place où s’amarrer. Dernières recommandations à Edgard, notamment celle de ne pas ouvrir le sas d’embarquement à un inconnu, et me voilà dehors à humer l’air si... si... si... enfin ça se passe de commentaires. Je suis trop habituée à l’air confiné du Kraken pour apprécier celui du dehors.
Les pieds sur le quai, une main se refusant à lâcher l’échelle du Kraken, je regarde la foule composés de marins, de marchands, de passagers. Ca gueule, ça rit fort, c’est à celui qui se fera entendre le mieux. Une seule envie... fuir... Mais, je ne peux pas, j’ai un chargement en carbu à faire et surtout des vivres à acheter. D’ailleurs, il ne faut pas que j’oublie le thé de m’ssieur Edgard, sinon je suis bonne pour me farcir tout un assortiment de plats aussi détestables les uns que les autres, et ce jusqu’à ce qu’il ait son thé !
C’est donc le mot thé qui me décide à bouger et à me diriger vers les docks pour rejoindre ensuite le quartier des commerces.
Je stoppe net mon avancée. Un constat que je n’aime pas me traverse la tête... Nom d’une pipe... en bois ! ça fait tellement longtemps que j’évite Cor Caroli que j’ai oublié où se trouvait ce fichu quartier.
Réflexion... Rien. Réflexion... Toujours aucun début de souvenir sur le chemin à prendre. Réflexion... Je me donne un coup sur la tête pour remettre celle-ci et tous ses boulons rouillés en place. Soupir... je commence à penser et parler comme Edgard !
Avec un mélange d’agacement et de lassitude, je me retourne, regarde de gauche à droite à la recherche d’une tête qui pourrait inspirer confiance... enfin confiance est un grand mot.
Là !
«Hé... toi la-bas ! la femme aux cheveux bleus !»