Le vent nous portera

Je suis resté quelques heures allongé dans l'herbe à regarder le ciel et les nuages avant de me décider. Enveloppé dans le brouillard et la lumiére matinale, je suis resté à songer, les deux bras derriéres la tête.
Si personne ici ne sait quoi que ce soit, il est temps de prendre des initiatives. Tout commence avec un premier pas. Et un deuxiéme. Et un troisiéme.
Le soleil s'était à peine levé que sa douce chaleur promettait déjà une journée radieuse, le genre de journée que l'on traverse avec la bonne humeur aux coins des yeux et une chanson aux coin des lévres.

Je n'ai rien appris durant mon temps à Meliadus. Rien de bien utile, sinon quelques bribes de-ci de-là à propos de Snjor.
J'ai rencontré quelques personnes interessantes cependant. J'espére les revoir, un de ces jours, au détour d'un de ces lieux.
Il est temps de passer à autre chose. Meliadus, ce n'est pas un endroit pour moi, mais ce fut agréable le temps que cela a duré.

J'ai erré quelques semaines dans les environs de Meliadus, dedans et dehors, jusqu'à en connaitres tous les recoins. Qui sait ? Cela pourrait s'avérer utile dans des temps futurs.

En attendant....

J'ai rarement été d'aussi bonne humeur. A moi de faire en sorte que cela dure.

Je me suis levé avec le sourire, et j'ai traversé les prés doucement balayés par une brise légére pour rejoindre la gare.
Ca m'a pris trois bonnes heures, mais j'ai tout le temps du monde. Le paysage vert est devenu gris, puis noir et enfin j'ai su que j'étais définitivement dans Meliadus.

La gare est vide. Il est peut-être encore trop tôt. Le prochain train vers l'Est ne partira que dans 45 minutes, et les trains sont encore en gare, comme endormis.
Un homme passe le balais et les guichets sont fermés. Il est peut-être vraiment trop tôt.
Je me suis assis sur un banc, et j'ai attendu patiemment. L'employé au service a tenu à ce que je léve les jambes deux fois pour passer le balais en dessous. Deux fois. Je pense qu'il m'en veut pour je ne sais quelle raison.
Le soleil a finit lentement de se lever, le brouillard matinal s'est effacé peu à peu, et les guichets se sont ouverts.

Je me demande si le train sera à l'heure.

Je suis arrivée en avance à la gare. C'est mon coté précipité ça. Je prend les décision comme ça, d'un coup, et je m'empresse de les appliquer. Décider au beau milieu de la nuit de partir en train pour aller voir la mer, préparer ses affaires dans la foulée et quitter l'auberge en déposant l'argent sur le comptoir, c'était peut être un peu précipité par exemple. Et au final je suis arrivée en avance à la gare. J'avais enfilé la petite robe claire que j'ai acheté sur le marché de Meliadus au cours de mon initiative « reprend ta féminité en main ! », et elle volais en s'entortillant autour de mes jambes. J'avais détaché mes cheveux qui bouclait naturellement à force d'être tressés à longueur de journée, et ils volaient pareillement. Je me sentais jolie. Cela faisait des siècle que ça ne m'étais pas arrivée. Non, en fait je ne m'étais jamais trouvée jolie auparavant. Talentueuse, efficace, oui, parfois. Mais jolie, jamais. Et j’appréciais ce nouveau sentiment.
Un regard circulaire sur le quai me fis constater qu'il était presque vide. Il y avait juste un balayeur, qui s’acharnait sur un pauvre monsieur. … Drôle de monsieur d'ailleurs. On me la fais pas à moi, la physique de l'optique, je connais. Et les lunettes classiques n'ont jamais eu de verres rouges. Si ce type a des verres rouges, alors il doit voir le monde tout en rouge... Drôle de volonté. Quel intérêt y a-t-il à se priver de toutes la merveille des couleurs ? J'ai continué de l'observer du coin de l’œil. De beaux cheveux gris, un visage fin, un sourire béat sur le visage. Et des petites lunettes rouges posées sur son nez. Il faut que j'arrête de vouloir prendre tout le monde en photo, ça devient maladif. N'empêche, ce type m'intrigue. J'aimerais bien essayer ses lunettes. Je suis sure qu'elles ont quelque chose de particulier. Peut être qu'elle lui permette de voir des fantômes, ou des couleurs qu'on ne connais pas. Où peut-être que c'est un robot, et que sa vision artificielle à besoin de ces petits carreaux rouges. Je me demande ce qui se passerais si je mettais ces lunettes devant l'objectif de mon appareil. Est-ce qu'on verrais les fantômes sur la pellicule ? Ce serait rigolo. Et ça se vendrais cher...

…

N'importe quoi ! Allez, reprend-toi, il n'y a jamais eu de fantômes.

Je m'assied timidement sur le bord de son banc. Autant mettre à profit l'attente du prochain train pour la mer. Il faut que je perce le mystère de ces lunettes rouges. Il vaut mieux que j'évite d'éveiller ses soupçons. Peut être que ces lunettes ont une origine douteuse, surtout si elles permettes de voir des fantômes...

Bonjour ! Vous aussi vous partez à la mer ?

Si la gare est vide, elle ne l'est pas restée longtemps.

Comme... Une impression. Elle est arrivée discrètement et tout de suite quelque chose a semblé manquer.
La couleur de sa robe.
Parfois, dans les mouvements, quelques couleurs, quelques éclats qui se tordent et changent à la lumière, comme les tonalités de l'essence. Mais sinon, le reste du temps, grise.

Pourquoi mes lunettes ne fonctionnent-elles pas correctement ? Certaines fréquences lumineuses ne sont pas correctement traitées ? Ou alors, sa robe est réellement grise avec parfois quelques couleurs irréelles selon l'angle de vue. Des couleurs fantômes.
Jamais entendu parler de l'existence de quelque chose de semblable.

J'ai retiré mes lunettes, je les ai nettoyées et remise discrètement. Je ne connais pas le fonctionnement des verres, mais je suis à peu prêt certain que ce genre de couleur ne doit pas exister.
Oui, mais non. ça continue à le faire. Et ça fait des traits étranges, comme des zébrures étranges qui fêlent mon champ de vision. J'espère que les lunettes ne sont définitivement pas cassées.

Elle s'approche et la robe flotte à travers le quai, jusqu'au banc sur lequel je suis assis et sur lequel elle me rejoint. Mignonne, à travers ses cheveux bouclés qui roulent sur son visage.
Et un appareil photo accroché à ses côtés.

Photographe. Intéressant.

La fille a observé mes lunettes pendant un moment, et j'ai fait mine de ne pas le remarquer.
Je me demande lequel des deux a observé l'autre en premier.

Bonjour ! Vous aussi vous partez à la mer ?

La mer ?

Presque. Je vais rejoindre un ami à l'Est. J'ai quelques projets à mener et l'Est semble le bon endroit pour commencer.

C'est vrai.

Pour ce qui semble vous intriguer, ce sont des lunettes de soleil tout à fait normales. J'aime juste leur couleur inhabituelle.

C'est moins vrai. Mais si j'imagine quelqu'un partir en courant avec mes lunettes, c'est bien une photographe. Qui de plus obsédé par l'optique que ces figeurs d'images ?

Et vous, dites-moi ? Qu'allez-vous faire à l'Est ? Des photographies ?

Je le regarde avec des yeux écarquillés. Comment a-t-il sut que je m'intéressait à ses lunettes ? Je suis si peu discrète que ça ? Et puis comment sait-il que je suis photographe ? Décidément, ce type est encore plus bizarre que ce que je pensais. Peut être qu'il est bel et bien un robot, et que ses lunettes lui indique des informations sur ce qu'il voit. J'imagine bien le texte s'afficher dans le coin supérieur droit de sa vision :

Louvenia
alias : Lou
age : 24 ans
mère : Callista, 51 ans
père : décédé
activité : photographe
…

…

N'importe quoi.

Je baisse les yeux vers ma ceinture et y aperçoit, comme une extension de moi-même, l'étui de mon appareil photo. Bon. Fausse piste. Mais cela n'explique pas comment il savait que je l'observait. Est-ce qu'il m'observait lui aussi ? Et ça n'explique pas non plus pourquoi il me prend pour une imbécile. Les lunettes de soleil ne sont jamais si claires, et surtout, elles ne sont pas rouges. D'autant qu'il n'y a aucune raison de porter des lunettes de soleil alors que ledit soleil est à peine levé. Je lui adresse un sourire forcé. Il me cache quelque chose. Mais il semblerait que j'ai toute la durée du trajet pour découvrir quoi.

Je n'avais jamais vu d'aussi jolies lunettes de soleil. Où les avez vous trouvés ? A Meliadus ?

Oups. Peut-être que j'ai été trop directe. J'espère qu'il ne va pas se braquer.

Oui je vais prendre des photos. Je n'ai jamais vu la mer, mais il parait que c'est très beau. Et tout ce qui est beau mérite d'être photographié ! Alors je vais prendre quelques clichés du bord des terres. Je suis à la recherche de mouvements nouveaux, d'un moyen de le faire passer à travers la photographie, alors le mouvement des vagues semble être un bon exercice...

Et voilà, dès que je parle photographie je m'emballe, et je parle beaucoup trop. Si je veux faire croire à ce type que je ne suis pas (trop) intéressée par ses lunettes, ce n'est pas en me montrant passionnée par le visuel et les choses optiques nouvelles. Bon. La bonne nouvelle, c'est que je me suis arrêtée avant de lui livrer ma raison principale de me diriger vers la côte. Je me demande bien quelle est la sienne d'ailleurs. Des « projets à mener », un « ami »... Serait-ce le créateur des lunettes ? Un fantôme ou un robot sans aucun doute...

Mes lunettes, encore et toujours.

Meliadus, oui.

Sec. Sec et définitif, comme pour appuyer sur le point. Ce sujet est mort et enterré, merci de ne plus profaner sa tombe alors qu'il n'est pas encore tout à fait froid.
On en reparlera peut être plus tard, mais pour l'instant tu es juste la fille étrange à l'appareil photo. On ne se connait pas, j'offre pas mes petits secrets contre du vent ou contre un sourire.

La mer. C'est bien, c'est un beau sujet.

J'hésite presque à lui proposer... Non. On va attendre encore. Peut être dans le train.

Il y a de très belles plages à l'Est.

Je me suis étiré, et j'ai remis mes lunettes, glissant dangereusement vers le bout de mon nez, en place.

Là où je me rends, le fond de l'eau est parsemé de récifs. Parfois ils percent hors de l'eau. C'est particulièrement beau lors des tempêtes.

J'ai froncé les sourcils, dans un effort de mémoire pour me rappeler du nom de cet endroit.

C'est à une heure de marche de l'arrêt 32... Euh... à deux jours d'ici. Il y a une très jolie plaine ou habite mon collégue, et cette fameuse plage. Enfin c'est plus une sorte de lagune, c'est étrange.

Hum, je me perds.

Toujours est-il que ces rochers empêchent toute navigation dans les environs. Et la forêt et les marécages qui se trouvent à quelques kilomètres tout autour rendent l'accès difficile. C'est un petit territoire où aucune des deux armées n'a accés.

C'est un sous-entendu, évidemment.

Le train y passe. Il n'y a qu'un arrêt mais c'est suffisant. Mince, je ne parviens pas à me souvenir du nom de cette satanée plage, c'est frustrant.

Je ne suis pas mécontent d'en avoir terminé avec le Sud. Le sable, toujours, toujours. Ca finit par abimer ma mécanique ! Ensuite, je serai bon pour la casse. Moi je dis, j'en ai raz les turbines ! Suffit !
Heureusement, bientôt, j'irai vers l'Est, glissant sur les rails comme seul moi sait le faire; faites moi confiance, personne d'autre que moi ne sait comment se rendre d'un point A à un point B de la maniére la plus efficace qu'il soit. L'Est. Ah, même si le terrain est parfois accidenté, j'aime ses plaines.
Elles me rendent nostalgiques de mes premiers voyages.

Je suis pret, et je suis beau comme un camion. Ironique pour un train, pas vrai ?
La gare est apparue, majestueuse devant moi, et le petit humain mécano a déclenché le POUET POUET pour annoncer notre arrivé.
Humains, nous sommes là et nous sommes à l'heure !

J'en oublierais presque les lunettes. Aucune des deux armées n'y a accès ? Un peu comme... Se pourrait-il que son ami... Non, je me fais des idées, il a dit ça comme ça, sans arrières pensées. Mais c'est comme pour les lunettes, j'ai beau essayer de me convaincre que je m'invente des histoires, je n'y arrive pas. Ce type suinte le mystère. Je suis sûre qu'il sait des choses sur Snjor. Qu'il y va régulièrement. Peut être que c'est là bas qu'il a trouvé ses lunettes d'ailleurs. Les gens qui y vivent doivent être des inventeurs de génie pour réussir à faire flotter tout ça.

…

Bien sur. Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? Pourquoi est-ce que je m'obstine à trouver les pièces qui me manquent en bas, pour n'essayer de partir qu'après ? Si ces pièces existent, elles sont déjà là-haut en train de m'attendre ! Un sourire illumine mon visage. Je vais pouvoir collecter des informations sur Snjor dès maintenant, pour partir le plus tôt possible ! Et cette révélation me tombe dessus pile au moment où je rencontre enfin quelqu'un qui sait comment faire !

…

Enfin je crois. Je le regarde avec mon sourire béat, et je me dis qu'il va me prendre pour une imbécile si je continue à sourire pour rien. Quoiqu'il en soit, je vais devoir gagner sa confiance avant de prononcer le mot Snjor en sa présence. Pour l'instant, c'est pas gagné. La preuve avec le sujet des lunettes, qu'il a achevé à coups de talon. Mais il a l'air ouvert aux autres sujets, et ça tombe bien, car je veux toujours photographier la mer avant de partir. Vu qu'ils n'ont pas la mer là haut, je parierais cher que mes photos vont s'y vendre à prix d'or. Finalement je vais réussir à justifier le sourire béat.

C'est vrai ? Vous pensez que cette plage serait intéressante à photographier ? Oui sûrement si elle est aussi belle que vous la décrivez ! Vous parlez de tempêtes, il y en a souvent ? Moi qui cherche des vagues, ce serait merveilleux de pouvoir assister à une tempête à cet endroit qui semble si joli ! Mais... Je ne suis jamais allée à l'Est, j'ai peur de me perdre. Je ne voudrais pas vous déranger, mais cette plage semble sur votre route, cela vous embêterais de m'y guider ?

J’entends le sifflement joyeux du train qui approche. Le temps de me lever et le voilà qui entre fièrement en gare. C'est étrange, j'ai l'impression qu'il sourit... Oh ! Voilà que je me met à vouloir photographier les trains maintenant ! Il me semble que celui-ci à quelque chose de … vivant... Je crois que je me laisse un peu trop emporter par mon enthousiasme. Peu importe, je dégaine mon appareil photo, vise, et appuie sur la détente. Le train s'immobilise, et ses portes s'ouvrent. Je me retourne vers l'homme aux lunettes rouges pour le suivre. Avec le raffut qu'a fait le train en arrivant, je n'ai même pas entendu s'il m'avait répondu.

J'ai vérifié une dernière fois qu'il ne manquait rien dans mon sac et je l'ai refermé prestement, avant de le glisser sur mes épaules.
Ce que j'ai ne vaut pas grand-chose, mais c'est à moi et j'y tiens.
Elle parle, et pendant qu'elle parle je tape sur mes poches sur l'emplacement d'un potentiel billet de train. Que je n'ai pas. Comme je n'en ai pas acheté. Car je suis idiot.
Merde.
Bon, et bien, inutile de lui dire, mais le trajet qui s'annonce sera sous le signe de la fraude, me concernant. Tout sourire, j'hoche la tête quand elle parle sans vraiment prêter d'attention à ses paroles.
Un truc du genre : Excitation et motivation => Doutes => Demande de service justifié par le doute.
Je repasse en arrière la dernière phrase dans ma tête. Oui, pourquoi pas.
Oh, et bi-FUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII-ais bon, ce que j'en dit moi.

Ah, ce vacarme.

Je disais : "Si vous voulez". Je ne vais pas vous empêcher de vous rendre où que ce soit, et ça peut être amusant.

Comme cela, ça m'évite de lui proposer, c'est mieux. Si un problème se présente, c'est sur elle que cela retombera. Mes mots se noient dans le bruit, malheureusement. Prochain essai : un peu plus tard.
Le train s'arrête lentement alors que ses pistons s'essoufflent et s'immobilisent, et le bruit crissant des freins s'évanouit dans un dernier jet de vapeur.
L'attention de la jeune fille semble soudain être dévié de sa trajectoire initiale, et à l'aide de son appareil qu'elle sort d'un geste presque mécanique, elle immortalise le monstre de fer. Clic.
Il n'y a pas foule, mais tout de même peu à peu la gare se remplie. Si les gens se pressent aux entrées, nous sommes loin des grandes ruées des heures de pointe, ou l'on bouscule vieillard et petits gros dans l'espoir de s'installer plus rapidement dans les locomotives, et l'ou parfois on donne des coups de pieds aux infortunés tombés à terre dans la cohue ( si l'on ne leur marche pas dessus sans s'en rendre compte, évidemment. )
Quelques regards étranges nous sont portés. Mes lunettes ou son appareil ?
Son attention se reporte de nouveau sur moi.

Oui, vous pouvez venir, je n'ai pas à vous dire là où vous pouvez ou non vous rendre. Et ça peut être marrant.

Si elle s'avère être chiante, ce n'est pas grave. Je la tue et je me débarrasse de son corps dans le premier marais que l'on trouve. C'est juste dommage que je n'ai plus le katana. Pourquoi diable l'ai-je vendu ?
Pour la tuer, je serai obligé de la frapper à coup d'appareil photo, cela risquerait d'être long.
Mon pauvre, tu divagues.

Les voyages forment la jeunesse, blablabla, et d'autres clichés du genre à la con. J'espère juste que vous avez assez de pellicule pour le voyage.

Les dernières personnes s'engouffrent dans le train pendant que je regarde distraitement par un des hublots. Il y a encore énormément de place et de sièges libre.

On y va ? Vérifiez que vous avez tout ce qu'il vous faut.

C'est important. Ca l'est toujours. Ne jamais posséder plus que ce que l'on peut porter sur son dos. Cela permet d'être mobile.
Je n'ai pas attendu qu'elle vérifie ses affaires, je suis rentré dans le train ( elle me trouvera bien... ) et j'ai cherché deux places convenables.
Les wagons sont en piètres états, mais c'est souvent le cas concernant les train qui desservent le Sud et l'Est. Des trains de campagne, que le gratin de la ville ne fréquente pas. L'un des wagons du fond est entièrement vide. Pas une seule personne, et deux tables. Voilà qui est fort pratique.
Je me suis installé à une des deux tables et j'ai posé mon sac à mes cotés, en évitant soigneusement de l'éloigner de moi. Hors de question d'utiliser les compartiments prévus à cet effet, d'autant qu'il me faudrait me mettre debout sur la table pour y accéder. Je ne sais pas quel est l'idiot qui a conçu ce principe, mais il mérite d'aller en enfer. Le sol des wagons semblent avoir étés rabaissés ? Ce qui expliquerait pourquoi les rangements au-dessus de nos tête sont si hauts, et ce qui expliquerait pourquoi le wagon semble être constitué de plusieurs métaux différents. Peut être un ancien accident ? Qui aurait laissé le train dans un état si pitoyable qu'il aurait fallu utiliser plusieurs morceaux de wagons pour en faire un nouveau tout neuf ?
Je n'en sais rien, et je m'en fous : Je n'utiliserai pas les compartiments prévus à cet effet. J'ai déjà pas de billet, je suis un vrai délinquant.

Ah, elle arrive.

Vous voilà.

Ce n'est pas une question, c'est une affirmation. D'ailleurs, je ne sais pourquoi j'oralise cette évidence...

Petite secousse. Le train s'en va ?