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 Au long des rails

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Cliff
Fantôme du Passé - Aérien
Cliff

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MessageSujet: Au long des rails   Au long des rails EmptyLun 24 Mar - 2:39



Direction la côte ! Le train est secoué lentement, et prend de la vitesse.

Au revoir Meliadus
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Lou'
Fantôme du Passé - Aérien
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptySam 5 Avr - 16:21



J'ai machinalement passé une main sur la pochette de mon appareil photo, et une autre sur l'étui du pistolet de papa, pour m'assurer qu'ils étaient bien en place. Tout en vérifiant que mon sac à dos était bien fermé, je me suis retournée pour m'assurer que nous n'oubliions rien sur le banc que nous quittions. Rien à signaler, tout est en place, nous pouvons partir. Je me retourne vers le train. Il n'y à plus personne sur le quai, je suis la dernière à monter. Même le garçon aux cheveux gris est parti sans moi. Je me glisse à l’intérieur.

Le train semble vieux et mal en point. Il ressemble à un énorme patchwork mécanique, avec ses pièces de toutes les couleurs. De l’intérieur aussi, il à ce charme qui m'a poussé à le prendre en photo à son arrivée. Je ne vois pas le type aux lunettes rouges. Au hasard, je me dirige vers l'avant du train. Je photographie ce qui attire mes yeux : une banquette rapiécée, une vieille table usée, une jonction entre deux morceaux de métaux cabossés. Mais je ne retrouve pas le type aux lunettes rouges. Il a dut partir dans l'autre sens. Je rebrousse chemin. Je prends quelques autres photos, d'éléments qui me paraissent soudainement plus intéressant dans ce sens. Bientôt, j’entends le petit grésillement que produit mon appareil quand il arrive en fin de pellicule. C'est un défaut que j'aurais pu corriger facilement, mais que j'ai préféré le conserver. C'est comme s'il me prévenait que je dois bientôt changer de pellicule. Zut. J'espère qu'il m'en reste une de secours. Avec ce départ précipité, je n'ai même pas pris le temps d'acheter ce qui m'était nécessaire. D'ailleurs est-ce que j'ai un billet de train ? On verra bien si on se fait contrôler. Au pire, je leur donnerais les jolies photos que j'ai prises de leur train...

Ah ! Le voilà enfin ! J'aurais pu continuer à le chercher longtemps à l'avant. Je m’immobilise à l'entrée du wagon, le regarde. Il ne m'a pas encore vue, il est occupé à observer l'endroit. Il semble réfléchir. Moi je ne réfléchis pas, je dégaine mon appareil photo une dernière fois, et immortalise l'instant. C'était mon dernier cliché pour cette pellicule. Tant pis. Il y avait quelque chose de doux dans cette scène, avec ce garçon solitaire, dans ce wagon vétuste. Je ne vendrais pas ce cliché. Je le garderais pour moi, en souvenir de mes derniers instants sur le continent.

Il lève les yeux vers moi. Je ne sais pas si c'est le son de l’appareil photo qui l'a informé de ma présence, ou si c'est juste une coïncidence. Je lui adresse un sourire radieux. Je sens le train s'ébranler sous mes pieds, et je m'agrippe au fauteuil près de moi. Le train démarre. Dès qu'il se stabilise, je m'approche du garçon, pour m’asseoir en face de lui. Je jette un regard furieux vers les compartiments  à bagage au dessus de nous. Les placer si haut, c'est discriminer les plus petits ! Mes yeux se posent sur le sac du garçon, qu'il à posé à coté de lui. Bon. Au moins il a eu affaire au même problème que moi. Une fois assise, je colle mon nez contre la vitre, et regarde le paysage défiler. Adieu la ville ! Je prendrais bien une phot... Et re-zut ! La pellicule. Je détache mon regard de la fenêtre et attrape mon sac. Je fouille dedans. C'est un tel bazar la dedans ! Après en avoir vidé la moitié du contenu, je me suis souvenue que j'en avais mise une de secours dans le même compartiment que les deux photos de mes parents. Je remet tout prestement dans mon sac, et ouvre la pochette sur le coté. Je brandit la pellicule avec un air victorieux, et m'empresse de la changer. C'est un travail laborieux, il faut placer la nouvelle bobine avec précision, et bien faire attention à ne pas abîmer l'ancienne. Une fois l’opération terminée, je m'empare de l’appareil, vise la fenêtre, et... la ville a disparu au loin. Je repose l’appareil photo en soupirant. Soudain, mes yeux tombent dans ceux du garçon en face de moi. Je l'avais complètement oublié. D'où je suis, je peu voir ses yeux à travers ses petites lunettes rouges. Ils ont quelque chose d'étrange, comme ceux d'un aveugle. Étrangement, je ne me réinterroge pas sur la réelle fonction des lunettes rouges, et une seule question me vient à l'esprit.

Au fait, comment vous appelez-vous ?

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Cliff
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyDim 27 Avr - 4:14

Le paysage défile et elle s'affaire doucement à remonter les engrenages de son outil de travail. C'est assez chaotique, mais au bout de quelques minutes l'affaire est rondement menée.

Le paysage défile... Les mouvements, ça me berce. Loin le paysage, et loin la ville, plus loin encore, et de plus en plus....

J'ai soupiré, et je me suis reposé contre la banquette de mauvaise qualité.
Si il y a une chose que l'on se doit d'espérer, c'est de pouvoir un jour vivre en toute sécurité, et m'éloigner de cette ville c'est un autre pas en avant pour passer des nuits paisibles.

Défile et défile le paysage. Elle vise la vitre de son gros pinceau métallique, et le repose, dépitée.
C'est important le timing, et ce n'est pas encore tout à fait cela.
Peut être dans l'avenir, mais pour l'instant c'est un acte manqué. Il y a de bien plus beaux paysages à l'Est que ceux de cette ville médiocre. La seule chose qui mérite de marcher sur ces rues de fer, d'acier et de papier, c'est la rouille.
Je prie pour ne plus avoir affaire à l'administration.



Au fait, comment vous appelez-vous ?

Moi c'est Cliff. C'est un diminutif mais c'est bien suffisant. Tenez.

J'ai retiré mes lunettes, doucement pour que les branches ne s'emmêlent pas dans mes cheveux.

Elles me permettent de voir en couleur. Je suis atteint de monochromatisme : je ne vois qu'en noir et blanc.

De mon doigt, j'ai tapoté un des deux verres.

J'ignore de quoi c'est fait. J'ignore comment cela fonctionne, mais cela fonctionne et plutôt bien. Quelques petites imperfections mais rien n'est jamais parfait.

Si je le dis, c'est que la ville se déroule loin derriére, et que c'est une parfaite transition pour le prochain sujet.

C'est le Docteur Lindblum qui les a conçues.

Voilà. On s'en approche. J'ai tendu les lunettes à la jeune photographe, tout en évitant avec soin de lui demander son nom. Rien ne presse.
Deux choses m'intéressent. Tout d'abord, si je prête attention à mon instinct de survie, sa réaction vis-à-vis du bon docteur. Et ensuite, si j'écoute ma curiosité, à ce qu'elle va voir si elle chausse ces lunettes.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyLun 26 Mai - 20:23

Je suis restée paralysée par son geste. Et ses paroles. Ça fait beaucoup trop d'informations pour si peu de temps. Depuis quand il me fait confiance ? Je croyais que c'était des lunettes de soleil ! … Enfin non, mais c'est ce qu'il voulait que je croie. Je ne trouve même pas le temps de lui en vouloir. Monochromatisme ? Jamais entendu parler d'une maladie de ce nom. Mais... Bon sang ! Les petites lunettes rouges lui permettent de voir en couleur ! En couleur ! C'est incroyable !

    Après quelques secondes d'hésitations, j’attrape les lunettes d'une main tremblante. Je n'ai jamais eu entre les mains un objet optique aussi incroyable. Et pourtant j'en ai manipulé des trucs et des bidules étranges pour mes recherches ! Il n'a pas vraiment l'air de comprendre à quel point cet objet est précieux. A sa place je n'oserais même pas les poser sur mon nez, de peur de les faire tomber !

    Je prends quelques secondes pour réfléchir. Il est vraiment gentil de me les prêter mais... qu'est ce que je suis censée en faire ? Sur le coup, j'ai voulu les mettre, mais une idée horrifiante vient de me traverser l'esprit : et si ces lunettes s’avéraient dangereuses pour quelqu'un qui a une vision normale ? Lui ne voit qu'en noir et blanc, les lunettes doivent sûrement être dotées d'un système de saturation des couleurs, ou quelque chose du genre. Quoiqu'il en soit, c'est quelque chose d’extrêmement puissant. Et si mes yeux... ne supportaient pas la correction ? Je ne peux pas me permettre de prendre le moindre risque pour mes yeux. Voir, c'est mon métier. Même si je meurs de curiosité de savoir ce qui se passerait si je regardais à travers, je m'abstiens. Par contre...

    Je connais quelqu'un d'autre qui ne voit qu'en noir et blanc...

    L'idée me paraît stupide, puis géniale, puis stupide, puis génial. Bon. Je ne perds rien à essayer, même pas ma crédibilité, puisque le type en face de moi n'a pas l'air d'y connaître grand chose en matière d'optique. Tout ce que ça me coûtera c'est... un peu de place sur la pellicule que je viens de remettre dans mon appareil. Je le caresse du bout des doigts en me demandant si je vais vraiment oser. C'est stupide, la pellicule n'imprimera pas de couleur, jamais, aussi incroyable que soit la lentille que je mettrais devant l'objectif... En même temps... Si, par un quelconque miracle, cela marche... Alors j'aurais fait la plus incroyable découverte depuis l'invention de l’appareil photo ! A moi la gloire et la fortune !

    …

    Si je continue de réfléchir trop longtemps, je vais me mettre à cataloguer toutes les raisons pour lesquelles ça ne peux pas marcher, je me découragerais, et je lui rendrais ses lunettes sans rien avoir tenté. Tout d'un geste, j’attrape l'appareil photo, cale les lunettes devant l'objectif, maintient fermement le tout d'une main pour que rien ne bouge, vise, et photographie le garçon sans prévenir. Mon appareil émet le petit gargouillement mécanique typique qui m'indique que la photo a bien été prise. J'en reprend une deuxième pour être sure. Je suis surprise moi même de ce que je viens de faire. Je le regarde interloquée. Je ne sais pas trop si je dois m'excuser ou le remercier. Je tousse pour reprendre contenance.

    -Il n'y a plus qu'a attendre le tirage...

    Soudain une idée me frappe. Puisqu'il m'a donnée ses lunettes, il doit voir, actuellement, en noir et blanc ! Je m'interroge un instant sur l'effet que cela peut faire. Ce doit être horrible. Perdre la couleur, c'est perdre un sens, une moyen de comprendre le monde. Je me sens soudain terriblement coupable d'avoir entre les mains l'objet qui l'empêche de se sentir ainsi amputé. Je le lui tend d'un geste maladroit, en bredouillant des remerciements.

    Un silence pesant s'impose. Dans ma tête, c'est la tempête. Et dans cette tempête, je me souviens d'une phrase qu'il a dit « C'est le Docteur Lindblum qui les a conçues. ». . Quand est-ce qu'il a dit ça ? Je ne me suis pas rendue compte sur le coup qu'il me parlait, j'étais bien trop absorbée par les lunettes. Est-ce que c'était avant ou après que je le photographie ? Je ne m'en souviens pas, mais pour que la phrase résonne encore aussi nettement dans mon esprit, c'est que c'est sûrement la dernière chose qu'il m’ait dite. Mais ce qui importe, c'est ce qu'elle veut dire : Il y a un homme qui a créé ça. Un homme suffisamment savant et ingénieux pour créer cet objet presque magique. Un homme... que je dois absolument rencontrer.

    -Le Docteur Lindblum dites-vous ? Comment est-il possible que je n'ai jamais entendu parler d'un tel génie ? J'ai pourtant parcouru le continent dans toute sa grandeur à la rencontre des meilleurs inventeurs ! Et pour ce qui est de l'archipel... C'est impossible, il n'y a personne de réputé là bas, sinon vous pensez bien que j'y serais déjà allée !

    Je m'interromps tout d'un coup. Premièrement, j'ai encore beaucoup trop parlé. Bon, peu importe, je lui dois bien ça, il vient de me confier l'objet le plus précieux qui m'ait été donné de voir. Non, si je me suis interrompu, c'est que la réflexion que je viens de mener à voix haute, me mène à la conclusion que...

    Je retiens mon souffle. Ce que je m’apprête à faire est osé, mais après tout ce que je viens déjà de faire...

    -Écoutez... Cela fait des mois que je cherche le moyen d'aller là haut. Parce que... Parce que le monde vu d'en haut est... incroyablement beau. Plus beau que tout ce que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Plus beau que tout ce que je ne pourrais jamais voir.  Et qu'en bas je n'ai rien, rien que des souvenirs teintés d'amertume, des pensées négative, la course à la survie, la mort, le désespoir, mon père qui...

    Ma voix se brise. Je ne m'étais jamais rendue compte qu'il me manquait autant. Je poursuit :

    -Et surtout, j'ai un projet. Un projet fou, si fou que je n'en ai jamais parlé à personne. Personne ne comprendrait, personne n'y croirait. Moi j'y crois. Mais pour le réaliser, il me faut des pièces, des pièces bien spécifiques, que je ne parviens pas à créer toute seule. Des pièces... optiques. Si vos lunettes ont bien l'effet que vous affirmez, et si c'est bien ce Docteur Lindblum qui les a créées, et si il est bien là haut comme je le suppose alors... Il faut que je le rencontre. Absolument. Je... Je sais que personne ne parle de ça, et qu'on se connaît à peine, mais je vous en supplie, je vous implore de m'aider à le rencontrer, ou au moins à me guider là haut, ou de me mettre en contact avec lui, même par un intermédiaire...  N'importe lequel. Je ferais tout ce que vous voudrez...

    Je ne sais pas comment le convaincre de faire la chose la plus insensée qui soit. Lui, qui semble si méfiant et si réfléchit. Je lui lance un regard implorant. Je n'ai jamais été aussi proche de mon but...
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Cliff
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyLun 23 Juin - 0:18

C'est un objet précieux. Elle s'en doutait peut être, mais visiblement pas au point d'en deviner l'usage. La bouche ouverte et des étoiles dans les yeux.
Donc elle aime la science. C'est une bonne chose. Quelqu'un qui aime les sciences ne fera jamais rien contre un homme de l'envergure de Lindblum.
J'aurais des remords si sa présence sur Snjor posait problème.

J'écarte cette pensée de mon esprit rapidement. Elle semble inoffensive, peut être juste un peu névrosée avec comme seule obsession l'optique.
Nous le sommes tous à des degrés différents.

Les lunettes sont manipulées avec plus de soin que dans mes propres mains. J'ai presque honte de la négligence avec laquelle je traite ce petit bijou, mais je n'y peux rien. Cela reste une simple possession, et je ne peux pas penser autrement.
Ce qui est le plus précieux, ce n'est pas ce que l'on peut porter.
Plus d'une fois je me suis séparé de tout ce que je possédais. Je me demande si...

Son appareil photo. Pourrait-elle vivre sans ?
Et si je l'attrapais et que je le jetais pas la fenêtre, sur une simple pulsion? Comment réagirait-elle ?
Peut être serait-elle en colère. Ou triste. Ou même furieuse au point de se jeter sur moi toutes griffes dehors.
Je ne fais que jouer avec l'idée, bien entendu. Il est hors de question de faire quoi que ce soit de ce style. Son appareil photo m'a tout l'air d'être son deuxième cœur.

Clic.

Et ses deux cœurs battent à l'unisson et produisent deux clichés. De moi. Je n'aime pas l'idée que des photos de moi puissent se promener dehors alors que l'on me recherche activement pour m'exécuter.
Je m'arrangerais pour ( peut-être ) les récupérer plus tard. Tant qu'on ne se sépare pas, le risque est moindre.
C'est marrant. Elle n'a pas osée essayer les lunettes de manière plus... Traditionnelle.
J'hésite presque à lui proposer d'essayer sur une tierce personne. Si elle refuse de prendre le risque, il est peut être possible de trouver quelqu'un qui, elle, l'accepterais.
Non, c'est idiot. Je divague complètement.

Elle réflechit à haute voix et me rend mes lunettes, que je m'empresse de remettre.
Et aussitôt, le monde reprend des couleurs. Le gris et le blanc se tâchent instantanément et fondent. Les couleurs, tout d'abord délavées et baveuses, s'adaptent au monde et bientôt tout est de nouveau normal.
Comme des gouttes d'encre versées dans un verre d'eau....


    -Écoutez... Cela fait des mois que je cherche le moyen d'aller là haut. Parce que... Parce que le monde vu d'en haut est... incroyablement beau. Plus beau que tout ce que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Plus beau que tout ce que je ne pourrais jamais voir.  Et qu'en bas je n'ai rien, rien que des souvenirs teintés d'amertume, des pensées négative, la course à la survie, la mort, le désespoir, mon père qui...     -Et surtout, j'ai un projet. Un projet fou, si fou que je n'en ai jamais parlé à personne. Personne ne comprendrait, personne n'y croirait. Moi j'y crois. Mais pour le réaliser, il me faut des pièces, des pièces bien spécifiques, que je ne parviens pas à créer toute seule. Des pièces... optiques. Si vos lunettes ont bien l'effet que vous affirmez, et si c'est bien ce Docteur Lindblum qui les a créées, et si il est bien là haut comme je le suppose alors... Il faut que je le rencontre. Absolument. Je... Je sais que personne ne parle de ça, et qu'on se connaît à peine, mais je vous en supplie, je vous implore de m'aider à le rencontrer, ou au moins à me guider là haut, ou de me mettre en contact avec lui, même par un intermédiaire...  N'importe lequel. Je ferais tout ce que vous voudrez...

Hmf. Contrepartie ? C'est m'insulter que de croire qu'il y aura besoin d'une contrepartie. Comme un air de quelque chose qui lui a échappé.

Mais... Où diable croyez vous que je vais ?

Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un sourire narquois. Ce n'est rien contre elle, mais c'est que la situation est assez drôle.
Aucun besoin de donner dans le mélodrame, tout va se résoudre de soi-même.

Je vais à l'Est, oui, mais je dois retourner voir le Docteur d'ici peu de temps. Et à l'Est, j'ai un ami qui me doit un service.

J'ai tapé du pied par terre, nonchalamment. Si mes propos ne sont pas clair, c'est qu'ils ne sont pas faits pour l'être.

Suivez-moi et vous verrez bien de quoi il en retourne. Vous n'avez rien à perdre : c'est un lieu magnifique pour faire des photos. Si vous ne trouvez pas ce que vous désirez là-bas, vous aurez au moins de magnifiques clichés.

C'était là où je voulais en venir. Elle remarquera que je n'ai fait aucune remarque sur son père ou le reste. Le passé c'est le passé, je ne profane pas les tombes.

J'ai sorti de mon sac de quoi manger, et j'ai déroulé le papier aluminium sommairement enveloppé autour de sandwichs assez médiocres. Beurre mal étalé, jambon mal disposé et pain mal découpé. Je ne suis pas un manuel, je le crains...

Dites, on peut se tutoyer ?

Zut, je crois que je me suis mis du beurre sur le bras.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyDim 29 Juin - 16:45

Il n'a pas l'air de faire grand cas de mon ton suppliant et de mes yeux implorant. Il se contente de me balancer ces phrases énigmatiques, un demi-sourire flottant sur ses lèvres. Bon, et bien ? C'est oui ou c'est non ? Et ce docteur ? Il est bien sur Snjor ? Il n'a pas l'air de vouloir me contredire en tout cas. Je n'ai même pas vraiment l'impression qu'il ai compris ce que je lui demandais en fait. Si j'écoutais ma raison, je fuirais sans demander mon reste. Ce type est un mystère incarné, enveloppé dans une grande cape de mystères mystérieux, qu'il arbore comme des trophées. « Suivez-moi et vous verrez bien de quoi il en retourne. ». C'est exactement le genre de phrase qui est censé m'indiquer de partir vite fait sans un regard en arrière. Mais il n'est pas question d'être raisonnable maintenant. Il doit retourner voir le docteur. Pour l'entretien de ses lunettes peut-être. Peu importe de toute façon, je ne le lâcherais pas d'ici là. Et puis il a raison : quoi qu'il arrive, je serais allée vers la côte de toute manière, pour photographier la mer. Et si jamais, pour un raison ou pour une autre, la situation devient critique, eh bien... J'espère que le pistolet de papa marche bien.

Il semble bien ignorer que je songe à employer ce pistolet contre lui, car il détourne son attention de moi, et sort de son sac un sandwich grossier coincé entre deux feuilles de papiers d'aluminium froissées, qu'il s’emploie à retirer méticuleusement. J’esquisse un sourire face au sandwich, et au morceau de jambon qui pend lamentablement, témoin d'une lutte vaine pour le glisser entre les deux tranches de pain mal coupées. Mon sourire s'efface rapidement, quand les effluves du sommaire repas de mon compagnon de route glissent jusque sous mes narines. J'ai faim. Mon ventre confirme cette pensée en émettant un grondement sonore, que j'essaye vainement d’étouffer en plaquant mes mains sur mon estomac. Je suis sortie trop tôt de l'auberge ce matin pour prendre un petit déjeuner, et je n'ai pas eu l'occasion de me restaurer dans la matinée. Et bien sur, vu que je suis partie précipitamment, je n'ai pas non plus eu le temps de me préparer quoi que ce soit pour me nourrir. Et maintenant, j'ai faim. Il marmonne une question que je comprends pas (on ne lui as donc jamais appris à ne pas parler la bouche pleine ?), tandis que je fixe d'un regard vide le morceau de beurre qu'il s'est involontairement étalé sur le bras. Le roulis du train, la faim... Je sens mon cerveau s'embrumer tout doucement, et l'idée ne me viens pas de lui faire répéter sa question. Alors je dis « oui » d'un ton absent, en espérant qu'il me proposait un bout de son sandwich.
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyMer 2 Juil - 2:20

Et les arrêts s'enchaînent sans grande surprise ni grands rebondissements. Le décor est magnifique, et petit à petit, de plus en plus luxuriant. C'est tout à fait l'image qu'on peut se faire de l'Est, au moins il est difficile d'être déçu face à ce spectacle.
Il y avait un marais ici, avant. Il a été asséché partiellement pour laisser courir les rails librement à cet endroit. Le reste du coin devait probablement être extrêmement difficile à déblayer pour qu'ils décident qu'assécher un lac serait plus aisé.

Je me demande combien a coûté l'installation de toutes ces lignes. J'imagine que cela a coûté une vraie fortune.

J'ai englouti le reste de mon sandwich et j'ai rangé l'aluminium dans mon sac. Cela peut toujours servir.

Je crois que je me suis assoupi entre deux arrêts. Les mouvements, les bruits me bercent et il est difficile de ne pas s'endormir alors que tous les décors se ressemblent tellement.
Et puis...

Le train freine, puis s'immobilise.

Je me suis penché pour regarder par la fenêtre le nom de l'arrêt de la petite gare à laquelle nous nous arrêtons.
La gare de Slub'h. Quel nom ignoble. Mais quelle gare grandiose. Dévorée par la végétation et la mousse. Il est surprenant que le nom sur le panneau soit encore lisible.

Si c'est bien la gare de Slub'h, il ne reste qu'un arrêt avant le nôtre...

Je me suis penché et j'ai plissé les yeux pour y voir plus clair. Oui, cela a l'air de...

Oh. Oh....

En me penchant, mon angle de vision est plus grand, et j'aperçois deux personnes devant la porte du wagon d'à côté. L'un des deux porte l'uniforme des contrôleurs. Je me suis collé à la vitre, joue et main, comme pour mieux y voir le fils de...

J'ai frappé les poches de mon manteau pour la forme, mais il est improbable qu'un billet s'y matérialise dans les minutes à venir.

Il monte et le train repart dans une secousse.

Uh oh.

On a un problème.

Réfléchit. Réfléchit ! Combien de temps avant qu'il ne vienne ici ? Dans ce wagon ? Probablement une petite dizaine de minute ? Une grande demi-heure s'il décide de contrôler en partant dans l'autre sens ?
Et combien de temps à pied entre l'arrêt que l'on vient de quitter et le nôtre ? Sauter du train est une solution viable ?...

C'est une solution acceptable, mais ce serait mieux de gagner un maximum de temps avant de sauter. Plus proche nous serons de l'arrêt et mieux ce sera.

Il y aura probablement d'autres contrôleurs au prochain arrêt. Ils sont toujours en groupe, pour rabattre les fraudeurs.

On a un très gros problème. Très gros. Dis, sauter d'un train, est-ce une expérience qui te tenterait ?

Non, attend. Les choses doivent être demandées dans l'ordre.

Hum.... Tu as un billet ? Parce que je suis à peu près sûr qu'un contrôleur vient de monter.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyVen 4 Juil - 18:55



Il  ne m'a pas donné une part de son sandwich. J'ai attendu, le regardant avec de grands yeux, mais je crois qu'il ne s'en est pas rendu compte, trop absorbé qu'il était par ledit sandwich. Je l'ai regardé engloutir la dernière bouchée, et mon ventre à émis un gargouillis désespéré. J'ai essayé de dormir pour passer le temps, mais les événements de la journée tournaient en boucle dans ma tête, et j'ai très vite abandonné l'idée. Lui avait réussi à s'assoupir pendant ce temps. Normal quand on a bien mangé.  

J'ai regardé le paysage défiler en songeant à mon projet.

Si seulement...

Je crois que je suis tombée dans un demi-sommeil, rêvant à moitié consciemment à ce que serait le monde si je réussissait mon projet. Et ce que moi je deviendrais. Puis, l'idée que j'allais peut-être réussir à rencontrer la personne qui pourrait m'aider m'a réveillée tout à fait. Je devais être prête. Savoir exactement quoi lui demander, et être sûre de moi, pour avoir une chance qu'il me prenne au sérieux. Je n'étais pas sûre de retrouver un moment pour travailler tranquillement avant longtemps, alors j'ai sorti mon appareil et toutes les pièces que j'avais accumulé pendant toutes ces année de recherches. Mécaniquement, cela fonctionnait plutôt bien. J'assemblais les pièces, fit tourner la petite manivelle, et regardait émerveillée mon invention fonctionner à la perfection. Je démontais toutes les pièces et les rangeait soigneusement. Bon. Le réel problème était sur le plan optique. Je commençais mentalement une liste de toutes les innovations qui pourraient dénouer mon problème. Toutes plus farfelues les unes que les autres. Je me surpris même à rire toute seule en imaginant la tête que tirerait le Docteur Lindblum (que je me représentais comme un vieux bonhomme barbu et échevelé) quand je les lui exposerait. Sauf que mon vieux barbu n'est pas n'importe qui. Je regarde avec tendresse les lunettes rouges qui avaient glissées sur le bout du nez de mon compagnon de route. Après avoir conçu ça, ce sera un jeu d'enfant pour lui de fabriquer l'élément qui me manque. Je sors un petit tournevis d'une pochette sur l'avant de mon sac, et m’emploie à démonter le boîtier de mon appareil. Il faudrait la mettre juste ici. Et déplacer la pellicule exactement comme ça. Je fouille et farfouille dans mon sac à la recherche des bonnes pièces, et occupe mon temps à préparer l'appareil à recevoir la création de Lindblum.  

Doucement, le train ralenti puis s’arrête, et Cliff s'agite puis s'éveille. Nous sommes en gare de Slub'h. Ravissante gare. Je l'aurais photographiée si mon appareil n'avait pas été éparpillé sur la table. Je fais mine de me replonger dans mon travail, mais mon compagnon s'agite et jure entre ses dents. Je m’interrompt.

On a un très gros problème. Très gros. Dis, sauter d'un train, est-ce une expérience qui te tenterait ?


Depuis quand on se tutoie ? Bon, pourquoi pas après tout, on est presque intime maintenant tous les deux !



Reprends-toi, il n'a pas l'air très enclin à ce genre de remarque, surtout pas maintenant. Je commence à ranger mon bazar mécanique  pendant qu'il continue de me tutoyer :

Hum.... Tu as un billet ? Parce que je suis à peu près sûr qu'un contrôleur vient de monter.

C'est donc cela. J'essaye de me remémorer tout ce que j'ai trouvé dans mon sac pendant que je cherchais des pièces, mais aucune image de billet de train ne se matérialise dans mon esprit.

Oh non ! Tu n'en as pas non plus n'est-ce pas ? J'ai complètement oublié d'en acheter un ! Bon, eh bien... Il n'y a plus qu'a attendre que ces messieurs viennent jusqu'ici, pour qu'on leur explique la situation. On est sûrement pas les premiers étourdis à prendre le train ! Ils nous feront sûrement payer quand on arrivera.

J'essaye de faire comme si je n'avais pas entendu sa proposition de sauter par la fenêtre. Sauter par la fenêtre d'un train en marche ! Il veut nous tuer ? Cela dit, si je n'arrive pas à le raisonner, je n'aurais pas d'autre choix que de sauter par la fenêtre à sa suite. Il est hors de question que je le laisse aller voir le Docteur Lindblum tout seul.

Ne t'inquiète pas, mes dernières photos se sont bien vendues, je dois avoir de quoi t'avancer... Non, tiens, je te l'offre, pour te remercier !

Pitié ne saute pas par la fenêtre...
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Cliff
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyDim 13 Juil - 3:19

Un contrôle de billet peut être suivi d'un contrôle d'identité si la personne n'en possède pas. Je ne prends pas le risque. Enfin, si. Je le prends. Ma bonne humeur a obscurci mon jugement tout à l'heure, et j'aurais dû passer au guichet.

On me recherche. Pas activement, mais tout de même. Donc je ne vais pas m'attarder, d'autant que cela peut finir en contrôle d'identité. La procédure change parfois d'un contrôleur à l'autre, mais...

Comme un goût amer dans la bouche. Comment ai-je pu oublier d'acheter un ticket.... Peut-être un brin trop optimiste, à penser que si contrôleur il y aurait, ce serait sur la deuxième moitié de la ligne. Cette ligne traverse la moitié du continent, comment aurais-je pu savoir que...
Bon, stop. Des excuses toutes tissées et sur mesure, mais des excuses quand même.

Il faut avouer que je suis tout de même un peu déçu. Moi qui pensais qu'elle sauterait également. Du train, je veux dire, pas en général. Enfin, non, pas vraiment... Plus une idée, un fantasme...
Combien de temps reste-t-il avant d'arriver ? Trente minutes ? Un peu plus ?
En tout cas il est hors de question qu'elle me paie quoi que ce soit. Niet.

J'ai baissé les yeux, et je n'ai pu m’empêcher de la scruter un peu plus en détail. Elle semble un brin inquiète. Il n'y a vraiment pas de quoi.
Ce n'est que de l'herbe et des marais. Pour se blesser, il faudrait vraiment être mauvais. Et je l'ai déjà fait auparavant.
Un arbre avait amorti ma chute, alors. Deux côtes cassées. Le bon temps. Heureusement, les trains du continent se traînent. Et là, la vitesse est significativement inférieure à celle du train à bord duquel j'avais déjà tenté l'expérience.

Ne t’inquiète pas, on se retrouve après. Au prochain arrêt.

J’espère qu'elle va m'y attendre. De toute façon ce n'est pas comme si elle pouvait trouver la route seule.






J'ai ouvert la porte vers le couloir et j'ai observé. Le contrôleur, ô chance, est parti dans l'autre sens. Ce qui me laisse le temps.

J'ai brisé la petite fenêtre en verre protégeant le levier d'ouverture manuelle de la porte, et j'ai hésité quelques secondes.
De l'herbe et des marais. Tout ira bien.

Le bruit de verre brisé a peut-être alerté le contrôleur. Quoi que, ce train fait quand même un barouf d'enfer... Qui sait.

Je ne compte pas le vérifier. J'ai empoigné le levier, et je l'ai abaissé.
Il ne reste qu'à appuyer sur le bouton de la porte et de pousser celle-ci.

Allez, courage. Courage.
Un appel d'air, et la grosse porte s'ouvre en gémissant sous la pression exercée.

Vert. Vert. Vert. Vert. Bleu. Vert. Vert.
De grandes bandes de couleurs qui se déroulent avec la vitesse, et le vent qui s'engouffre dans un wagon vide. J'ai encore le temps, il faut juste que je trouve le petit élan de foi en moi.
Mais avant toute chose, ranger ces lunettes dans mon sac. Il est renforcé, et l’étui de mes lunettes également, l'intérieur tapissé d'une sorte de simili-coton qui ressemble à du tissu pour protéger les verres et la monture des chocs.
J'ai jeté mon sac par l'ouverture béante et il disparaît instantanément, absorbé sur le côté par la vitesse.
A tout à l'heure.

J'ai sauté. Sous la pression de son regard, pour ne pas perdre la face et pour ce foutu risque du contrôle d'identité. Cela m'étonnerait fort que les secondes d'hésitations qui m'ont retenues aient pu lui échapper, elle qui a fait son métier d'attraper des instants figés pour les enfermer sur papier.

J'ai roulé dans l'herbe, je me suis écorché, et je me suis protégé des bras des jambes en me repliant alors que je heurte et dévale la petite colline. Choc, choc, choc, roulades, roulades.
Moi dans le tambour d'une machine à laver. Mon oreille interne hurle à la mort, je ne sais plus du tout où se trouve le haut et le bas, tout va trop vite.

J'ai fini ma course contre une colline légèrement inclinée dans l'autre sens, et je me suis assis un moment pour que tout s'arrêter de tourner. Mon estomac agonise, mon sens de l'équilibre me maudit et je me sens un peu nauséeux. Tout ira bien tant que je n'essaie pas de me lever de suite.


***


Le train s'éloigne. On distingue encore ses derniers wagon et la colonne de fumée qui en émane.
Maintenant, il va me falloir retrouver mon sac qui ne devrait pas être très loin, me reposer une minute et reprendre la route. Il va me suffire de suivre les rails, rien de plus simple.

J’espère qu'elle va m'attendre. Si elle ne possédait pas son appareil photo des plus fragiles, je serais enclin à croire qu'elle aurait pu sauter à son tour, et que je la retrouverais un peu plus loin mais....



J'ai retrouvé mon sac dans un petit carré d'herbe et je me suis remis sur la route.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails EmptyLun 4 Aoû - 18:17

Diable ! Je voyage avec un hors-la-loi ! Il ne manquait plus que ça. Pas étonnant qu'il veuille sauter par la fenêtre. Les hors-la-loi sautent toujours par la fenêtre. C'est l'une des grandes lois de l'univers.



Lou. Sérieusement. L'heure n'est pas aux digression stupides. Mon seul espoir va sauter du train. Inutile d'essayer de l'en dissuader. A travers ses verres rouges, on peut lire dans ses yeux un mélange de peur et de détermination. Il sait que c'est dangereux, ce n'est pas la peine de le lui rappeler. Mais il va quand même le faire, parce que plus de se casser un membre, il a surtout peur d'être rattrapé par la justice. Je ne sais pas ce qu'il a fait pour être recherché mais ce doit être sérieux. C'est pas croyable. Il n'y a vraiment que moi pour me mettre dans des situations comme celles ci...

Bon. Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire. Sauter avec lui et risquer d'y perdre un membre ? Ou suivre son conseil, et l'attendre bien sagement au prochain arrêt ?



Il m'a livré le secret des petites lunettes rouges, certes, mais, visiblement, ce n'était pas son plus grand secret. Je n'ai pas changé d'opinion. Ce type suinte le mystère, et -oserais-je le penser- il ne m'inspire pas vraiment confiance. Paradoxalement, je n'ai jamais douté de ce qu'il m'a dis, au sujet des lunettes, et du docteur Lindblum. Et même maintenant que je suis amenée à faire le point sur mes pensées, il me semble inconcevable que ce garçon ai pu me mentir à ce sujet.

Plus encore qu'à voir, mon métier m'a surtout appris à suivre mon instinct. Je n'ai jamais été déçue des clichés que j'allais chercher parfois à l'autre bout du continent sur une intuition. Aussi, je décidai que ma première pensée avait été la bonne, et que ce type aux lunettes rouges m'avais dit la vérité. Au sujet de Lindblum. Pour le reste... Quel intérêt trouve-t-il à me présenter au docteur ? Cette histoire de contrôle, n'est-ce pas une ruse, un peu radicale certes, mais efficace, pour se débarrasser de moi ? Mais on ne se débarrasse pas de moi aussi facilement que ça !

Pendant mes élucubrations, il avait brisé la vitre de sécurité et ouvert la porte de secours. Il est drôle ! Que je reste ici ! Dans ce wagon avec la porte de secours ouverte, à attendre les contrôleur, pour leur offrir mon plus beau sourire et leur expliquer que la vitre s'est brisée toute seule, et que la porte s'est ouverte comme par magie ! En fait même si je l'avais voulu, je n'aurais décemment pas pu rester ici.

Il jette son sac, puis lui-même par l'ouverture, en me lançant un « à tout à l'heure » sur un ton faussement assuré. Il est terrorisé. Et je ne suis pas plus fière que lui.

Je termine de ranger précipitamment les pièces de mon appareil photo dans son étui, le ferme solidement, puis empoigne mon sac et m'approche de l'ouverture.

Je ne m'étais pas rendue compte que le train allais si vite. Je m'agenouille près de l'ouverture et me penche vers l'extérieur, mon sac à bout de bras. Je le lâche le plus près du sol possible, pour lui éviter de faire une chute trop importante. Il ne faudrait tout de même pas que je froisse les photos qu'il y a dedans.

Je ne peux me résoudre à faire la même chose avec mon appareil photo. Je le serre contre mon corps, replie mes bras et mes jambes contre l'étui en vieux cuir, et me laisse chuter du train.

Je me cramponne à mon appareil photo de toutes mes forces. Je ne pense qu'à le protéger. Je ne ressens pas les coups contre mon corps, ni la perte de repères, ni n'entend le vent siffler dans mes oreilles. Je ne pense qu'à protéger mon appareil. Protéger mon appareil. Le protéger. Protéger...

Aaaaaaaaaaaahhhh !

Soudain mon corps rappelle ma conscience violemment. Une douleur aiguë dans ma cuisse. Je sens un liquide chaud se répandre sur ma jambe, sans comprendre que c'est mon propre sang. Qu'est-ce que ? … Pourquoi j'ai mal ? Je vois tout près de moi la pierre acérée sans comprendre que c'est elle qui m'a tailladé la jambe. Je crois que je me suis immobilisée mais je ne suis pas sure. J'ai mal. Je ne pensais pas qu'il y aurait des pierres ici. En tout cas il ne doit pas y en avoir beaucoup. C'est vraiment bête d'être tombée sur celle ci exactement. J'ai mal. Ma vision se brouille. « Il faut faire le point » dit mon esprit embrumé avant de plonger dans un profond néant. Mon corps à encore le temps de crisper mes doigts sur l'étui de mon appareil photo avant de rejoindre mon esprit dans sa douce inconscience.  



Je n'ai pas dormi longtemps. Du moins je ne pense pas. Ou alors mon hors-la-loi est passé à coté de moi sans s'arrêter ? Je le savais bien que je ne pouvais pas lui faire confiance. Ou alors il n'est pas encore arrivé. Il faut dire que j'ai un peu traîné à descendre du train à mon tour, il doit avoir un peu de marche avant de me rejoindre. Pourquoi j'ai dormi déjà ? Ah oui ! … Aie... Je me redresse doucement, et observe les dégâts. C'est un coupure, assez large, mais pas très profonde je dirais. Je ne me serais pas évanouie pour si peu en temps normal, mais avec la chute du train, plus la faim, plus la fatigue, plus tous les événements de la matinée, mon corps a dit stop. Je me relève très doucement, en prenant bien soin de ne pas prendre appui sur ma jambe blessée. Je repasse mon appareil dans ma ceinture, mécaniquement. Je vérifierais si tout est en place plus tard, je n'ai pas le courage de me lamenter sur la perte d'une pièce importante pour l'instant. D'abord, retrouver mon sac. Il est parti moins loin en arrière que moi lors de notre descente du train, et je le repère déjà d'où je suis. Je le rejoins en boitillant. Aie. Aie. Aie. Aie... Je m'affale près de lui. Ma trousse de secours. Vite. Je cherche fébrilement dans le sac, que je vide négligemment en répandant mes effets tout autour de moi. Je rangerais plus tard.

Ah ah ! Trouvée ! J'en sors une pommade désinfectante et un bandage. Je soulève ma robe -Oh non ! Ma belle robe toute neuve ! Elle n'était pas censée être verte et marron ! Et toutes ces déchirures... Quel désastre... Dès demain, je reprends mes vieux pantalons. Eux au moins ne craignent pas une petite cascade de rien du tout... - pour bien avoir accès à l'intégralité de la plaie, que je nettoie avec soin, en guettant sur ma droite de voir la petite silhouette aux lunettes rouges marcher vers moi. J'espère vraiment qu'il n'est pas parti sans moi...
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