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 Au long des rails

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Cliff
Fantôme du Passé - Aérien
Cliff

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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyDim 10 Aoû - 4:16

Marcher sur les rails est apaisant. Si seulement la vie était aussi simple à suivre que des rails posés au milieu des clairières et des marais, voilà qui simplifierait la vie de quantité de gens.
Et qui simplifierait la mienne.

Elle deviendrait ennuyante mais serait sereine. Plus d'angoisse, plus de peur, juste ces rails qui continuent à s'étirer vers l'horizon et au-dessus, les nuages et quelques oiseaux.
J'aimerais bien ce genre de vie.

Je me demande si Snjor propose ce genre d'expérience. Se laisser porter par la brise et par les rails.

J'ai laissé échapper un soupir et j'ai réajusté mes lunettes. Zébrure de couleurs qui foudroie les rétines, et de nouveau, les tons s'équilibrent.
Mes verres sont plus capricieux qu'avant. Il faut définitivement que j'en parle à Lindblum.

J'ai continué à avancer en sifflotant, le long des rails infinis. La fumée du train s'est enfuie avec lui et ne reste que le silence et le vent dans les arbres le long de la route.

Puis, dans l'herbe, quelque chose qui ne devrait pas y être. Elle.
C'est malin.

J'ai quitté les rails et j'ai traversé le champ, frôlant les brins d'herbe de la main tout en continuant de siffloter.
Assise, à côté de son gros sac, à jouer à l’infirmière Joelle avec son petit kit premier soin probablement volé à un groupe de jeune scouts venues vendre des cookies à sa porte, saignant dans sa robe froissée et déchirée comme une vieille serviette de table. Toutes ses affaires gisent par terre, négligemment, alors qu'elle farfouille sa trousse de secours.
J'ai haussé un sourcil et j'ai continué à m'approcher.

Cela ne serait pas arrivé si tu m'avais simplement attendu au prochain arrêt. C'est ça de vouloir jouer les casses-cous. Besoin d'aide ?

Pffff Cliff. Besoin d'aide ? Elle s'est rafistolée toute seule. Encore un peu et elle se recousait à vif avec une aiguille portée au rouge.

J’espère que tu ne vas pas boiter, parce qu'on a presque quatre, voir cinq heures de marche.

Hmmmm... Je connais la direction mais pas la durée du voyage.

Enfin je crois. Sinon, une branche peut servir de cane. Tu vas te sentir vieille avant l'age.

Je serais elle, je ne m'en ferais pas trop pour cette blessure. Ça a l'air superficiel et c'est mieux qu'une fracture.

Sinon, demande-moi, je t’achève. Comme avec les chevaux. Pas de soucis.

J'ai tendu ma main en riant pour l'aider à se relever.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyMar 9 Sep - 10:50


J'ai fais un dernier tour de bandage autour de ma cuisse, et ai attaché le tout bien solidement. Là. Ça ne devrait pas trop bouger normalement. Sauf si je suis amenée à faire une autre activité extrême comme sauter d'un train, mais ça ne semble plus être au programme. En relevant la tête de ma blessure, je tombe sur la silhouette de mon hors-la-loi. Je lui adresse un sourire. Je suis heureuse qu'il soit là. Et il ne semble pas trop m'en vouloir de l'avoir suivi, ce qui infirme la théorie comme quoi il aurait voulu se débarrasser de moi. Ou alors c'est une autre ruse : Faire semblant d'être content de me retrouver pour mieux m'abandonner par la suite ? On verra bien s'il y arrive. Je suis tenace, il va falloir s'y faire. Je lui répond tout en m'appliquant à ranger mes affaires dans mon sac.

Ça va aller, j'ai fini. Ça ne me semble pas trop grave mais je préfère prendre le temps de me soigner. On ne sait jamais.


Maman me racontait toujours des histoires horribles de plaies infectées, d'amputations et de maladies mortelles quand je rentrais à la maison avec les genoux écorchés. J'ai pris l'habitude de désinfecter la moindre égratignure.

J’attrape sa main en riant de bon cœur avec lui. Ce garçon est décidément bizarre, mais pour l'heure, nous sommes seuls dans une nature luxuriante sous un soleil éclatant. Nous venons d'échapper à la loi, et la main que je tiens dans la mienne appartient à celui qui me mènera vers ma destiné. Rien ne pourras m’empêcher d'être heureuse, ni ma blessure que je vais devoir endurer pendant une longue marche, ni les menaces de mort de mon camarade que je ne sais pas trop à quel degré prendre. Je m'assure que le pistolet de papa est toujours bien attaché à ma ceinture et passe mon sac sur mes épaules. Je m'appuie légèrement sur ma jambe blessée pour tester. Ça va être dur mais je devrais tenir. J'adresse un sourire confiant à Cliff et m'engage le long des rails.

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Cliff
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptySam 13 Sep - 19:45

Elle boite comme un jeune faon qui viendrait d'être mit bas et ça ne l’empêche pas d'être chargée comme une mule.
Je me retiens de lui asséner un 'je t'avais prévenue' et je reprends la marche.

Le soleil tape dur, mais la fraîcheur de la végétation maintient la température sous contrôle. Une petite trentaine de degrés à tout casser.
La déshydratation ne menace pas, à la vue de toutes ses rivières qui découpent le paysage en une succession de prairies, tranchées directement à travers la chlorophylle, et qui mènent vers les marais. De l'eau fraîche et transparente qui court vers ce qui la fera devenir stagnante et boueuse.

Des tonnes de rumeurs se font entendre sur ces marais. On les dit habités par des crocodiles, des sorcières, des cannibales et des centaines d'autres monstres, d'autres chimères imaginaires. Ce serait intéressant un jour de vérifier les bien fondés de ces rumeurs, mais pas aujourd'hui. Nous allons dans l'autre sens.

Cette région n'est pas sous contrôle militaire. Elle ne possède pas assez de ressource pour être utilisée, et le bras de mer qui s'étend à partir de l'est n'est pas intéressant sur le plan stratégique. Il ne donne accès à aucune zone d'importance et les rochers qui en parsèment le fond se révèlent trop hasardeux pour les navires. Impossible de naviguer sans racler le fond de son bateau au point d'en faire des allumettes et de prendre instantanément l'eau.

Enfin, ce n'est pas entièrement vrai. En fait le coin est idéal pour partir vers l'Océan, mais... Il faut connaître les coins sans ces foutus rochers, et posséder une carte maritime pour naviguer vers le large sans risque.

Mais sinon, c'est une grande zone de... Rien.
De la verdure, partout, et de l'eau à perte de vue. Il y a quelques villes, mais aucune de la taille de la capitale ou de Grip. Juste quelques hameaux, de-ci de là.
Densité de population ? Un habitant au kilomètre carré. Peut-être moins.
Cela en fait l'endroit rêvé pour les paria de tous bords.

Je crois que nous sommes presque arrivé.

Au loin, le long des rails, ce qui apparaît être un petit cube. Probablement l'arrêt.
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptySam 22 Nov - 16:26



A peine m'a-t-il remise sur pied qu'il s'éloigne déjà et je trottine en boitillant pour le rattraper. je crois que j'ai trouvé le degré zéro de la compassion. Je me rend compte tout à coup que mon sac est plus lourd que moi, et il pèse à chaque fois que je m'appuie sur ma jambe blessée. Au loin, je vois un petit cube coloré danser le long des rails. Si loin ? Je serre les dents et rattrape définitivement mon compagnon en quelques douloureuses enjambées. Arrivée à sa hauteur, je m'agrippe à son bras. Sans lui demander son avis. Il n'avait qu'a pas sauter du train cet idiot.

Pour ne pas qu'il pose de question ou qu'il proteste, je plonge mon autre bras dans l'étui de mon appareil photo pour constater les dégâts. A peine ai-je défait le fermoir que le petit objectif en accordéon jaillit comme un diable à ressort.

Premier juron.

J'attrape l'instrument, le referme et l'emprisonne dans son compartiment. Sale bête. D'un revers de main, je balaye vers le fond de l'étui les petits ustensiles qui recouvre mon appareil, et le saisit précautionneusement. Au premier abord, il n'a pas l'air trop mal. Je le pointe vers la gare tremblotante (qui semble s'être encore éloignée...) et tente de l'accrocher sur la pellicule. Le petit gargouillis habituel est suivi par un crépitement étrange, qui ne me dis rien qui vaille.

Deuxième juron.

je pose l’appareil à l'envers dans son étui, et tente de l'ouvrir pour voir à l’intérieur ce qui ce passe. Avec une seule main, en marchant et en boitant, tout est plus compliqué. Mais je ne peut ni m’arrêter de marcher, car ce serait risquer que mon guide sans cœur ne continue sans moi ; ni reporter mon étude à plus tard. Il faut que je sache tout de suite de quoi il en retourne, ou je vais m'angoisser sans raison. J'arrive à faire sauter le couvercle, et glisse celui-ci auprès de l'objectif en accordéon. Bon alors. Qu'est-ce qui ce passe encore.

Troisième juron.

Je farfouille.

Quatrième juron.

Suite à un geste brusque, un boulon part rouler le long des rails.

Cinquième juron. Sixième juron. Septième juron.

Je me retourne vers le grand type aux cheveux gris à coté de moi, ouvre la bouche pour l'incendier d'insultes, la referme sans avoir prononcé un mot. Ce n'est pas de sa faute. Enfin si, mais quand même pas. Tout de même. Je rouvre la bouche. La referme. Détourne les yeux.

Énième juron.

Ce n'est pas en marchant que je vais réussir à réparer l'engin. Si j'arrive à le réparer. Le bricolage que j'avais effectué dessus pour accueillir l'invention qui n'existe pas encore du génie vers lequel je me dirige à fragilisé la structure, et avec la chute, plusieurs pièces se sont tordus, voir sont entrées en collision et se sont brisées. Si les photos continuent de se prendre, l’appareil n'est plus du tout apte à être transformé comme je l'entendais, et j'ai peur aussi que la pellicule ne bouge, ce qui risque de gâcher les clichés. Je garde le juron suivant pour moi. J'espère que son génie en vaut la peine au moins. D'un geste rageur, je rabat le couvercle de l'étui en vieux cuir, et j'accélère encore le pas. Si je tiens encore le bras de mon compagnon, c'est plus moi qui le traîne que lui qui me soutien. Je n'ai pas que ça à faire que de flâner le long des rails, moi, il faut que je soigne la petite créature qui gît lamentablement contre mon flanc. Je sens une morsure froide contre ma cuisse, et je comprend que la blessure s'est remise à saigner. Je serre les dents et accélère encore un peu le pas. Cette fichu gare ne peut plus être très loin.

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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptySam 7 Fév - 21:30

Quel cinéma. Elle en fait des tonnes et en rajoute couche sur couche, juron après juron.
Ce n'est pas vraiment mon problème : c'était sa décision, ce sont ses conséquences.
Elle a de la chance que son appareil ne se soit pas brisé.

Je sens son regard m'écorcher à chaque passage, alors qu'elle semble hésiter à m’imputer la responsabilité de sa blessure, puis elle retourne à son appareil, puis de nouveau sur moi, et ainsi de suite.
Tant qu'elle n'oralise rien, je ne me m'énerverai pas. Dans le cas contraire, risque de précipitation, tonnerre, éclairs, grêle et tout le tremblement.


La gare s'approche petit à petit, ou bien est-ce nous. La deuxième solution est plus probable.

Voilà la gare. Tu devrais t’assoir. Petite pause de dix minutes.

Maintenant, il ne reste plus qu'à déterminer la direction à suivre.
J'ai sorti une petite boussole de ma poche et j'ai posé une carte à même le sol. J'ai commencé à effectuer quelques tracés avec un rapporteur un peu tordu et un crayon à papier pendant qu'elle...

Je me suis tourné pour l'observer. Juste une seconde.

Pourquoi avoir sauté du train ? Vous n'aviez absolument aucune raison de le faire.

J'ai repris mes tracés, calmement. Le soleil est encore haut dans le ciel, il nous reste du temps, beaucoup de temps. Plus qu'assez pour atteindre notre objectif avant la nuit.

Il vous suffisait d'attendre. Je ne comprends vraiment pas ta décision. Votre décision ?

Je n'arrête pas de m’emmêler les pinceaux. Dois-je la vouvoyer ou bien avons-nous dépassé ce stade depuis longtemps ? Il y a des choses qui s'oublient facilement.



Dernière édition par Cliff le Jeu 8 Aoû - 20:27, édité 1 fois
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Lou'
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 22:02


Je me laisse tomber de tout mon poids sur le banc le plus proche de moi. Après un long soupir, je détache fébrilement ma ceinture pour pouvoir manipuler plus librement le contenu de la petite sacoche en cuir. J'ai les deux mains sur l'étui quand je sens la coupure me lancer des éclairs en essayant de me relever. C'est vrai, j'oubliais. Lou', ma pauvre fille, tu es cassée de partout... Alors, par où je commence ?

par dépit, j'ai reposé l'étui de l'appareil photo, pour m'occuper de la blessure. J'était en train de retirer mon bandage quand la voix de mon guide m'a faite sursauter.

Pourquoi j'ai sauté du train ? Pourquoi j'ai sauté du train ?! Il se fiche de moi ! Pourquoi j'ai sauté, je vais lui dire moi pourquoi j'ai sauté ! Je finis de retirer le bandage d'un mouvement rageur, ce qui n'a d'autre effet que de faire saigner la plaie un peu plus abondamment. Et de me faire serrer les dents un instant pour retenir un cri, et par la même occasion le flot d'insulte que je m’apprêtais à lui adresser et que j'aurais eu du mal à arrêter. Je croise son regard et garde mes insultes pour un autre imbécile. Il y a quelque chose de bienveillant dans ses yeux, derrière les petits carreaux rouges... Je reste figée un instant, ne sachant trop quoi lui répondre. Pourquoi j'ai sauté du train déjà ? Ah oui... Bon, ça reste de sa faute, mais je vais essayer de ne pas trop l'accuser. J'aurais l'air maligne s'il m'abandonnait sur mon banc maintenant...

Eh bien heu... la porte de sécurité était ouverte alors heu... je crois que j'ai un peu paniqué et... Comme j'étais blessée heu...

Ah non, la blessure c'était après, non ?

Ce n'est rien...

Ma vision se brouille anormalement, et je baisse la tête pour paraître concentrée sur ma blessure et qu'il ne s'inquiète pas pour mon état de santé. Je ferme les yeux un instant pour que le monde arrête de tanguer. Oh non, j'espère qu'on ne va pas devoir me couper la jambe, comment je vais faire pour aller chercher mon prix Nobel après ?
Je vide la moitié de mon pot de désinfectant sur la blessure, et refais un pansement trois fois plus gros que la plaie avec l'énergie du désespoir...

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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyJeu 8 Aoû - 20:19

L’odeur s’élève au milieu des herbes et tournoie jusqu’à nous atteindre. Les embruns.
J’ai tendu la boussole devant moi, bras tendu, puis je l’ai secoué d’un geste vif. L’aiguille s’affole et se refuse à indiquer le nord. Deux solutions : soit le pole magnétique n’est plus à sa place, soit ma boussole est hors d’usage.
Si j’en crois ma carte, notre direction se trouve vers le nord-est. Il nous faut faire un crochet par la cote sauvage puis passer le long des récifs et de la falaise. Le vent se lève et bat contre ma carte mais je la maintient en place de la paume de la main droite. A vue de nez, le nord se trouve sur notre droite. Non loin de nous, la terre se soulève et forme rapidement une falaise qui surplombe une petite plage recouverte de récifs qui percent la mer et découpent l’écume.

Ah, voilà. Notre itinéraire. J’espère que tu apprécies les plages et le sable dans les chaussures.

Une fois sur la plage et au bout du chemin, il faudra s’enfoncer dans la forêt pendant quelques centaines de mètre. Nous sommes presque arrivés. Une grosse heure de marche sur la plage et nous voilà à destination.
Ce serait presque simple si elle n’était pas en train de tourner de l’œil. Si elle pouvait éviter de mourir. Il est plus difficile de prendre des photographies une fois morte.

Je me suis approché doucement pour contempler l’étendu des dégâts. Ce n’est pas joli et c’est probablement assez douloureux pour ralentir sa marche et l’handicaper dans ses mouvements.

Il nous reste une heure et demi de marche, à condition de garder un rythme soutenu. Même en prenant notre temps, nous arriverons avant la nuit. Au total, un peu plus de trois kilomètres. Tu penses pouvoir y arriver ?

Je n’ose pas le dire à haute voix mais il n’est pas possible pour moi de la porter sans abandonner mes affaires et les siennes et je ne le souhaite pas.

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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptySam 10 Aoû - 19:42



La plage. Ses mots résonnent dans mon crâne et remettent d'une secousse mon esprit droit sur les rails. La mer n'est plus très loin. Comme pour accompagner ses paroles, une odeur d'embruns viens glisser sous mes narines. Il n'est pas question d'être faible maintenant. Après tout, si je me suis levée si tôt ce matin et embarquée dans cette aventure un peu folle, la première raison restait celle-ci : voir enfin la mer. Flancher maintenant serait stupide. Perdre mon guide également. Je relève la tête et lui adresse un sourire confiant.

Ma cuisse me fait penser à son sandwich de tout à l'heure : la crème déborde de tous les cotés d'un bandage mal enroulé. Peu importe, si ce n'est pas beau, ce sera peut-être au moins efficace. De toute façon, vu l'état de ma robe, et j'imagine de ma coiffure, je dois plus ressembler à un épouvantail désormais qu'à la jolie jeune fille qui se trémoussait sur le quai de la gare il y a quelques heures. Je rabat les lambeaux de ma robe sur le bandage et tâche de ne plus y penser.

Je pose une main consternée sur l'étui de mon appareil photo, et répond à Cliff, les yeux braqués sur la chambre de mon petit malade mécanique.

Je ne suis pas la plus gravement blessée dans cette chute... Si tu veux bien, j'aimerai juste jeter un oeil avant qu'on reparte... Pour voir la mer, tu vois ?

Sans attendre sa réponse, j'ouvre l'étui et cale fermement mon appareil entre mes genoux. Ma blessure proteste mais je l'ignore. Comme je l'ai dit à Cliff, je ne suis pas la plus à plaindre. Je n'en ai que pour quelques minutes. Quelques réparations rudimentaires, avant un inspection plus aprofondie quand la tempête sera passée... D'une main je commence à dévisser le cache en cuivre qui permet l'accès aux pièces abimées. De l'autre j'atrappe une pince dans mon sac. J'ai fais ça toute ma vie, je pourrais réparer mon appareil les yeux fermés. Enfin, pour plus de sécurité, je décide de garder les yeux ouverts pendant l'opération, juste au cas où. Un extraction méticuleuse, un redressement ferme, quelques coups de tournevis. Ca devrait tenir. Je maintient le cache d'un doigt, braque mon objectif sur Cliff.

CLIC ! BZZZ ! BZZ !

les gargouillements apaisant de mon apareil me rassurent. Tout semble fonctionner à peu près normalement. Je revisse plus fermement le cache avant de ranger outils et apareils dans les emplacements qui leurs sont dédiés.

Je me relève, passe mon sac sur mes épaules, et vérifient sans y penser que l'étui de mon apareil et celui du pistolet de papa sont remplis à à leur place. Alors seulement je m'autorise à évaluer les dégats charnels. Ma cuisse me lance mais rien d'insoutenable.

Je vais y arriver, dis-je à mon guide. On va y arriver.

Je pose une main confiante sur l'étui fermement attaché à mon flanc gauche. C'est reparti.


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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyDim 11 Aoû - 15:56

Voir la mer… Oui, cela fait si longtemps. Je peux comprendre ce fourmillement d’impatience qui crépite dans ses yeux.
Le béton, le métal, le crissement des usines qui vomissent armes à feu, nourriture industrielle et déchets toxiques. La pauvreté dans les rues, dans les magasins, la pauvreté partout et tout le temps. Si je ferme les yeux je peux me remémorer la présence de ces grandes cheminées expirant de longs filets de fumée noir qui redescendent sur la ville dans la pluie et la neige contaminée.
Je peux me remémorer tout cela et bien plus encore. Les traîtrises, les complots ourdis dans le silence et l’obscurité, la haine qui transpire dans chaque décision politique, les meurtres, la peur qui tiraille le ventre et étreint le cœur.
J’aimerais laisser tout cela derrière moi mais je sais que cela est impossible. Trop de fragments de ces choses sont enfoncés dans ma peau et mes os, enfoncés dans mes souvenirs.
J’aimerais vomir cette haine, plonger les deux mains entre mes côtes pour arracher de mes organes tous ces filaments noirâtres de mensonge et de préjudices qui entachent ma vie et les jeter au loin. … J’aimerais moi aussi voir la mer. J’aimerais ne plus voir autre chose que la mer, les nuages et les quelques couleurs du soleil reflétées dans le verre de mes lunettes.

Pour la première fois de ma vie, je songe que c’est une possibilité. Quelque chose de solide je veux dire, pas un de ces énièmes plans qui restent à jamais dans un tiroir clôt.

Le Docteur Lindblum m’a aidé à retrouver ce qu’il me manquait. Je commence à réaliser qu’il n’est pas le seul à pouvoir agir de la sorte.



Elle a relevé la tête et a affiché un sourire sincère. La jeune femme ne se laissera pas ralentir par sa blessure, c’est une bonne nouvelle. Et pourtant, malgré tout, son inquiétude flotte davantage en direction de sa machine à photographier que vers sa blessure à la jambe. Je suis impressionné.

La boite est retournée et ausculté.

«Je ne suis pas la plus gravement blessée dans cette chute... Si tu veux bien, j'aimerai juste jeter un oeil avant qu'on reparte... Pour voir la mer, tu vois ? »

J’ai gardé le silence. Je n’y vois évidemment pas d’inconvénient. J’ai rangé rapidement toute mes affaires et je me suis écarté du soleil pour ne pas la déranger dans ses travaux de réparation.
Elle ouvre la machine méthodiquement, comme un chirurgien pourrait le faire, glissant ses pinces dans la chair afin d’extraire la balle profondément logée entre deux ventricules.
La pièce est rapidement redressée.

CLIC ! BZZZ ! BZZ !

J’ai effectué un petit sourire gêné, légèrement tordu. Cinquante pourcents de chance qu’il apparaisse sur la photographie. Je ne suis pas encore tout à fait à l’aise avec ces machines.

L’appareil fonctionne de nouveau ? Comment pourrait-elle en être sûr sans développer un des clichés ? Oh, peu m’importe. Je n’oserais jamais le dire à haute voix mais si elle s’avérait incapable de réparer sa machine, ce ne sera plus un problème sur Snjor.

«Je vais y arriver. On va y arriver. »

~

La végétation disparaît peu à peu, remplacé par le sable. Sur notre droite, la falaise s’étire et mord le ciel dans de grandes gerbes de terre.
Et puis, finalement, la plage apparaît à l’horizon. C’est une grande bande de sable fin, traversée par quelques arbres et parsemée de quelques récifs. Embrassée par l’océan dans de grandes vagues successives ruisselantes de la lumière du jour, s’obstinant à scintiller et à se tordre sous les courants qui secouent la mer, la plage rayonne d’une douce chaleur apaisante.

Dites-moi, vous ne m’avez finalement jamais révélé votre nom.

Pourquoi suis-je reparti dans le vouvoiement ?

Je veux dire, pardon… Tu ne m’as jamais donné ton nom. J’ai donné le miens, pourtant.

En fait, il y a deux façons d’aborder les choses. Réfléchissons de façon logique.
La première façon d’aborder les choses est également celle que j’applique de façon habituelle. Garder une distance raisonnable et me prémunir de toute trahison potentielle.
La seconde est de franchir cette ligne invisible tracée sur le sol et d’accepter de faire confiance à cette jeune femme….

….

...Cette jeune femme dont je ne connais pas même le nom. Il me faut franchir cette ligne.

Mon instinct me dit qu’elle ressemble bien plus à Lindblum qu’elle ne pourrait le croire. Le docteur souhaitera forcément lui parler. Je le sais. Je le sens.
Le problème, c’est qu’en faisant confiance à cette inconnue, je met le bon docteur en danger. Il suffirait qu’elle soit en réalité quelqu’un de mal intentionnée pour mettre le bazar. Alors mettons tout sur la table.

En passant, j’espère que tu le sais, mais c’est un acte de haute trahison que de rejoindre le camp de Lindblum. Son île est un territoire indépendant. Bloomberry considère tout allié du docteur comme un ennemi personnel de la nation.

Tout comme les déserteurs, par ailleurs. Mais bon, que pourraient-ils faire ? Me pendre deux fois ? Sois en consciente en tout cas. C’est important.
Elle se souvient forcément du battage médiatique.
 


« Une île volante au dessus de la cité de Grip. Le gouvernement impuissant ! »
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MessageSujet: Re: Au long des rails   Au long des rails - Page 2 EmptyMer 14 Aoû - 21:03



Peu à peu, le vert sous mes pieds laisse la place à l'or. Au loin, la rumeur de la houle se fait de plus en plus concrete, et les embruns sentent si fort que j'en sens presque le gout salé sur ma langue. La mer. Le soleil ne se cache que par intermitence derrière des nuages d'un blanc cotonneux, et le vent est doux. Ma méfiance commence à céder face à la douceur de mon guide, et la perspective de voire éclore mon rêve prochainement fait doucement palpiter mon coeur. Je me sens bien.

Quand les dernières racines abandonnent finalement completement, je décide de retirer mes chaussures. Je noue les lacets fermement entre eux et les passe autour de mon cou. Je savoure quelques secondes la sensation du sable chaud entre mes orteils, l'aspect presque moelleux du sol sous la plante de mes pieds. Après quelques enjambées, je remarque ravie que ma blessure s'apaise face à la diminution des chocs que lui procurait chaque pas. J'adresse un grand sourire à mon guide.

Tu ne m'as donné que ton diminutif, alors je veux bien te donner le mien. Tu peux m'appeler Lou'. Mon vrai nom c'est Louvenia, mais ne t'encombre pas avec, personne ne l'a jamais fait. Alors maintenant tu en sais plus sur moi que je n'en sais sur toi.

Je lui adresse un clin d'oeil. C'est une pique à peine voilée, pour dénoncer ce grand voile de mystère dans lequel il s'est enroulé prudement à notre rencontre. Ca n'a plus d'importance désormais. Je tourne la tête et suis prise de vertige face à sa beauté. La mer. L'eau, à perte de vue. Le bleu du ciel faisant écho à celui plus profond encore de la mer. Comme une rose se parant d'épines, sa beauté se protège derrière des vagues qui se fracassent avec violence contre les rochers téméraires ayant voulu gouter à sa douceur. Sans même m'en rendre compte, j'ai sorti mon apareil de son étui. Comme un prolongement de mon regard, je l'ai posé devant mon oeil, attendu l'instant décisif, et appuyé sur la gachette. Peut-être... Oui, de là-bas, ce sera encore plus beau. J'ai couru vers ce rocher-estrade posé quelques mètres devant nous, y suis monté. Mon apareil gargouille presque en continu, sous la rafale des déclenchements que je lui impose. Là. Et puis comme ça, avec le reflet du soleil. Ce rocher en gros plan. Au raz du sable. Et en centrant l'horizon. En quelques minutes je suis essouflée, les embruns ont fait boucler mes cheveux dans une étreinte salée et mes pieds et mes jambes brillent du sable qui s'y est collé quand j'ai voulu m'aventurer de quelques pas dans l'eau. Je me suis retournée. Cliff marche tranquilement au loin. Il n'a pas changé de dirrection. Je le rejoins en quelques enjambées. Sa présence m'apaise et fait descendre instantanément l'adrénaline qui bouillait dans mes veines. Quoi qu'il dise, il le dit toujours sur ce même ton calme et distant qui rend les choses telles qu'elles sont, ni plus grave ni plus simples. Parfois c'est un peu effrayant. J'ai réfléchis quelques instants, mais ma décision était prise déjà bien avant notre rencontre.

Peu importe. Je ne compte pas redescendre quoi qu'il arrive. Je préfère vivre auprès de ceux qui ne détestent pas les autres... J'ai assez de photos d'ici pour en tirer un bon prix si je trouve un acheteur. Assez pour m'acheter un échope et un petit coin de chez moi j'espère. Après je pourrais faire des portraits, et puis, si je rencontre Lindblum, peut-être...

J'ai baissé les yeux sur mon appareil que je tiens toujours dans mes mains. Distraitement, j'ai fais tourner la petite manivelle. Tout à coup j'ai relevé la tête. Le soleil brille intensément, et nous en avons pour quelques minutes avant qu'il ne se voile. L'eau, le ciel, le sable, tout est très clair... Le résultat serait à peine plus lumineux qu'une nuit sans lune, mais tout de même, ce ne serait pas tout noir comme mes essais dans Meliadus... Il me faut un échantillon à présenter à Lindblum, pour qu'il me croit, et pour qu'il comprenne mon problème... J'ai jetté un regard à Cliff, comme pour lui demander l'autorisation de m'échaper à nouveau, et puis mon regard est tombé sur elles, évidemment.

Est-ce que... Est-ce que ça t'ennuirai de me prêter tes lunettes quelques instants ?


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