La ville avait été abandonnée quelques décades auparavant, lorsqu’un groupe de golem avait décidé de passer à travers les bâtiments et leurs habitants. Accompagné par de fortes décharges de gravité et organisé durant les heures les plus sombres de la nuit, l’attaque fut foudroyante et impitoyable. Meliadus ne se releva pas de la destruction qui s’ensuivi.
Depuis, le sang sur les murs a séché et les os dans les rues ont blanchis. Il ne restait que de mauvais souvenirs s’acharnant à hanter les rues délabrées.
Les golems s’en sont allés, bien que quelques carcasses métalliques demeurent inanimés sur les pavés, et les décharges de gravités se sont faites plus faibles. La ville n’est plus dangereuse, mais la mémoire imprègne les murs, plus profondément encore que le sang et la bile : vivre ici est mal vu par les habitants de Snjor.
Cette ville n’est cependant pas complètement abandonnée. Quelques réfugiés s’y terrent et y ont ouverts quelques commerces.
Les décharges de gravités n’affectent que peu la ville et se contentent de faire flotter, de temps à autre, tout objet de moins de cinquante kilos.
J’ai enjambé le corps d’un golem.
Vous êtes certains qu’ils ne vont pas se relever ?
Le vieil homme a frappé la carcasse du plat de la main.
Certain.
J’ai posé mon carnet, le temps de faire une petite prière rapide pour les trois squelettes qui se tiennent côte à côte, contre le muret qui encadre le lieu.
Ne touche aucun de ces gens, m’avertis le vieil homme. N’essaie pas de les déplacer, même par bonne volonté. C’est mal vu.
Mal vu ? Mais ?…
C’est une question de mémoire. On ne doit rien modifier.
J’ai frissonné. Je ne suis pas certain de trouver cette situation saine.