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 Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle

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Tamanoir
Chasseur de Monstres
Tamanoir

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MessageSujet: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyMar 27 Mar - 22:32

Il était une fois une petite maison au creux d’une ville qui n’était plus que ruine. Dans cette petite maison vivait un artiste du nom de Mendelekay qui ne vivait que par et pour l’écriture. Sa maison était chaude et confortable afin d’apaiser ses vieux os d’auteur. Au fil des années, il était parvenu à vendre assez de romans pour s’acheter tous les meubles dont il rêvait, pour enfin garnir sa maison comme il l’entendait.
De nombreuses bibliothèques emplis de livres à la tranche dorée, une petite table basse, une cheminée fonctionnelle et de jolis rideaux couleur argent pendants le long des fenêtres.
Mendelekay, enfoncé dans son fauteuil, était heureux.

Un jour, quelqu’un frappa à sa porte, le forçant à se lever de son fauteuil confortable. L’homme était perplexe : personne ne venait jamais le voir. Qui pouvait donc frapper à sa porte en ce petit matin ?

C’est moi. C’est toujours moi.

Il ne s’est que peu battu. J’étais pourtant persuadé qu’il finirait par retrouver un peu de courage pour échanger quelques coups, mais ce ne fut pas le cas.
J’ai trainé son corps le long du tapis, laissant une trainée de sang peu ragoutante, pour finalement le lancer dans la cave. Je n’ai plus besoin de lui. Il s’est brisé en bas des escaliers dans un bruit macabre.
Mes informations étaient fausses. Ce gars n’était pas un Fragment. Mais qui s’en soucie ? Il reste si peu de gens dans la ville de Bakhtin. Si quelqu’un s’en aperçoit… Bah. Je serai déjà loin.

Cet homme passait toutes ses journées assis à son bureau à pisser de la prose. Selon mes informations, un Fragment d’écriture se trouve dans les environs. Certaines rumeurs laissaient entendre que ce Fragment se trouvait être cet auteur, Karl Mendelekay. Je l’ai cru également. Une information fausse parmi tant d’autres.

Il se trouve que Mendelekay était humain.

Je l’ai tué. J’ai brisé ses os à l’aide d’un des bustes en bronze qui orne son petit bureau. J’ai compris qu’il n’était pas un rêve lorsqu’il s’est vidé de son sang, par terre, sur le tapis bleu.

Ce n’est pas grave. J’ai un autre plan. Trébucher n’arrêtera pas ma course. Le propre d’un chasseur est toujours de trouver une solution à ses problèmes, même si cela implique de modifier ses objectifs.

Si ce fragment est un rêve d’écriture, alors je m’en vais attirer son attention.

J’ai vidé les bibliothèques de Mendelekay au milieu de son salon, non loin de la cheminée. J’ai fait le plus grand tas de livre qu’il m’ait jamais été donné de voir. Cela m’a pris du temps pour allumer la cheminée, mais j’ai fini par réussi, à l’aide d’un peu d’essence et de beaucoup de patience. Livre après livre, j’ai jeté toutes ces saloperies dans le feu, petit à petit. Il ne me faut pas gâcher tout le stock trop rapidement.

Viens petit rêve. Sens la destruction de ce que tu apprécies le plus au monde, et viens m’en empêcher. Je t’attends.
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Souffle
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Souffle

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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyDim 1 Avr - 22:22

Petit chemin, petit chemin, suis donc le petit chemin de terre jusqu’aux jolies maisons de pierre où les humains s’entassent ! Suis donc le petit chemin et trouve ces jolis mots que d’autres avant toi ont enfantés !

J’ai glissé gracieusement sur la poudreuse, en direction de Bakhtin. Que se passerait-il si Karl rencontrait la Dame à l’Encre Noire ? Leurs proses se mêleraient-elles au-dessus des maisons ?
Je veux que leurs couleurs passent à travers l’une l’autre ! Rien n’est aussi beau que des mots mélangés.

Je veux Karl. Je veux Karl. Karl est le plus beau des Karl, le plus Karl des Karl. Il connaît mes vapeurs et sait embrasser la brise de mes idées. J’ai soufflé sur son écriture plus d’une fois sans que son encre ne bave.

L’excitation de réunir deux artisans de l’écriture… J’ai du mal à penser correctement. Ma conscience se disperse au gré du vent.

Petit rêve, m’a dit un jour Karl, efforce-toi de rester entière. Une simple brise suffirait à t’emporter aux quatre vents. Ton esprit doit rester un.

Petit chemin, petit chemin, montre-moi les sentiers vers Karl ! Que mon esprit vagabonde et que mes pas me mènent vers…

Vers…

Vers…

Vers…

Que se passe-t-il ?

Quelque chose ne va pas.

Quelque chose est étrange.

Quelque chose est brisé.

Je ne ressens pas l’écriture de Karl.

Douleur.

Est-ce un livre brûlé ?

Brulerait-on des livres dans la ville des chasseurs blancs ? Ferait-on bucher de papier pour faire fondre la glace sur le sol et la neige sur les cœurs ?
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Peck Vasiliev
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Peck Vasiliev

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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyMer 4 Avr - 22:12

J’ai perdu sa trace au milieu de la ville. La tempête rage contre les volets clos des habitants, calfeutrés dans la chaleur de leurs résidences.
Et moi, au milieu de tout cela…

Qui suis-je pour chercher trace d’un souffle au milieu du blizzard ?

Mes bottes ont heurté le coin d’une pancarte, à l’angle d’une rue. Est-ce la bonne direction ? Que chercherait un souffle d’inspiration dans une ville proche de la mort ?
Cette chose m’a trouvée, moi, au milieu de ce qui n’est rien, et si ce n’est un indice, alors cela n’est rien de plus qu’une conjecture de ma part : quelque part en ville, quelqu’un possède une écriture qui brille d’un éclat plus lumineux que la mienne. J’en suis persuadé.
Et je suis également persuadée que le petit souffle de papillon diaphane est, comme tous les autres insectes qui viennent de la brume, attirés par la lumière de son concept. Cette chose a probablement détecté cet auteur plus brillant que je ne le serai jamais et m’a abandonné pour voler vers lui.

Mais… Où trouver un auteur à cette heure ? Et au milieu de la tempête ?

Il va me falloir trouver des informations. Par chance, je connais un endroit idéal pour l’achat de ce genre de denrée.
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Tamanoir
Chasseur de Monstres
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyLun 9 Avr - 17:44

Dois-je continuer à brûler du papier jusqu’à ce que cette chose se décide à pointer le bout de son museau ? Parce que si c’est le cas, c’est avec plaisir.

J’ai lancé avec rage un nouveau livre au fond du brasier. Puis un deuxième. Puis un troisième.
Histoires et récits des Cotes au Corail. Brûlé.
Safran, tome 2. Brûlé.
Mythologie de Snjor, croyances et traditions. Brûlé.
L’art de la chasse. Brûlé.
La trilogie des Cendres. Brûlé.

La pile de livre diminue. Et je suis encore seul.

Je sais que tu es là, saloperie. Je te jure que je vais continuer jusqu’à ce qu’il n’y en ai plus un seul si tu n’apparais pas.

J’ai regardé le papier se racornir et noircir alors que les flammes lèchent la couverture en cuir.
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Souffle
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyMer 25 Avr - 17:52

J’ai trouvé la source de mes souffrances. Ce monstre détruit la mémoire des hommes. Était-ce des livres uniques ? Était-ce des textes qui ne pourront plus jamais trouver lecteur ?
Je crains la réponse.

Je ne peux couper son geste par un souffle d’inspiration. Il n’écrit pas, je le sais, je le sens. Alors que dois-je faire ?
Si je ne peux glisser mes ongles sous les plis de sa cervelle, je le ferais sous le bois de sa maison.

J’ai saisi tout le vent que je suis au creux de ma poitrine et j’ai soufflé sur les fondations. Maelstrom de pensées sur planches posées. Craquements. Gémissements. La maison souffre… Mais ne cède pas.
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Tamanoir
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyVen 27 Avr - 19:31

La tempête s’est levée, dehors. J’entends les tuiles s’agiter sur le toit.
Quelque chose a frotté le long de mon esprit. Serait-ce ma proie qui pointe le bout de son museau, à la recherche de son fromage ?
J’ai lancé un nouveau livre dans le brasier. Nouvelle lacération sur mon esprit. Je suis trop solide pour plier face à des assauts si faibles. Je ne suis pas une maison de paille, je ne suis pas une maison de bois. Je suis la maison de brique, celle qui résiste face à la tornade et aux petits esprits de vents. Assèche-toi sur mes murs, dépenses tes énergies… Je viendrai te cueillir quand ton souffle sera court.

Et bientôt, bientôt, les tuiles cessent de s’agiter, le bois cesse de grincer.


Je me suis levé.

« Je sais que tu es là. Discutons. »

J’essaie désespérément de contenir cette joie malsaine qui monte en moi, celle qui déforme mon visage dans un sourire, me coupant la tête en deux.
Dans un mouvement, j’ai ouvert la fenêtre.
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Souffle
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyDim 11 Aoû - 18:17

                       
Elle n’est pas loin
                                                                                                                            Aide-moi
                       
                                                                          Aide-moi

                                                                                                                             Tu es l’encre sur mes doigts


                                                 Je ne peux pas


                                                                                                    Arrête

J’ai cherché Elle. Sa présence s’est éteinte en moi, je ne parviens pas à la trouver au milieu du vent et de la neige. Et Lui détruit tous ces mots qui ne trouveront plus jamais âme pour les lire. Le feu ronge jusqu’à la plus petite feuille.
J’ai rebondi contre chaque mur, contre chaque pensée…

Je me dois de devenir invisible. Il le faut. Mais je n’y parviens pas.

Il sait. Il connaît ma présence.

Alors je suis devenu Oiseau perché sur le bord de sa fenêtre. Pendant un court instant je fus tourbillon, de maigres filets d’air qui deviennent plumes et forment de petites ailes éthérées. J’ai sautillé le long de la planche de bois pour m’approcher de Lui.

                        Discutons.

                                                                                                                             Discutons.
                                                                           Discutons.

                                                  Discutons.


Mais cesse de détruire ces livres au risque que je ne devienne un Fragment de tes cauchemars
.
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Tamanoir
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyMer 14 Aoû - 0:26

Je la tiens. Petit oiseau bien fragile qui ose s’aventurer si loin de son nid. Voilà qui n’était qu’une question de temps.

J’ai tiré une chaise dans un raclement métallique et je me suis installé confortablement. Comment dois-je faire pour t’enfermer dans une cage ? Tu es un morceau, quelque chose d’incomplet, une caricature qui se croit humaine. Tu es tout ce qui se terre dans l’obscurité.
Ce n’est que mon devoir de vous faire disparaître.


J’ai fait disparaître mon sourire pour afficher une expression compatissante artificielle.

« Entre. Dehors il fait bien trop froid. »

Approche. Viens à portée de mes doigts.

« Peut-être que si nous parlons tous les deux, nous parviendrons à un accord. De quoi as-tu le plus envie au monde ? »

J’ai tendu ma main, comme une invitation. Viens, petit oiseau. Dégourdis-toi les ailes et traverse la distance qui te sépare d’une fin violente et soudaine. Je ne veux que ton bien.
Mais… Puis-je resserrer ma prise autour du cou délicat d’un courant d’air ? Pourrais-je briser les cervicales de quelque chose d’aussi réel et tangible qu’un flocon de neige ? Peut-être que mon plan est voué à l’échec.

...Si cela ne fonctionne pas, il reste toujours d’autres solutions. La meilleure qualité d’un chasseur est l’adaptation et je suis le meilleur chasseur de ces mondes.
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Peck Vasiliev
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyLun 19 Aoû - 1:39

Le bruit de mes coups résonne à travers la ville. J’ai frappé la porte en métal de toutes mes forces à plusieurs reprises. Peuvent-ils seulement m’entendre à travers le sifflement du vent qui hurle contre leurs murs ? Je croyais cet établissement à jamais protégé du temps et ses habitants immortels, mais rien ne peut survivre à ce froid mortuaire. Cette auberge est fermée. Je n’en obtiendrai aucune information, pas plus qu’un abri.
Plus un soupir de vie dans cette ville morte. Suis-je condamnée moi aussi à disparaître sous la neige et le gel, condamnée à disparaître comme on souffle une bougie ?

Rien que la neige et le vent. Rien que la brume et le froid.

J’ai frappé de nouveau sur l’épaisse porte.

Un battant s’est abaissé. Derrière, deux yeux inquiets. Je ne reconnais pas les traits de ce visage.

« Qui tu es ? » Une quinte de toux le prend soudainement, avant de reprendre de sa voix grave et caverneuse :  « Armée ? »

« Peck Vasiliev. Une arbalète seulement. Je n’ai aucune intentions hostile. Tout ce que je désire, c’est trouver quelqu’un ! »

J’ai du mal à articuler. Certains de mes mots franchissent mes lèvres brisés malgré l’épais tissu de mes vêtements. L’homme referme le battant brutalement et un claquement se fait entendre, suivi d’un bruit de serrure. L’épaisse porte s’est ouverte et une main en est subitement sortie. Tout semble si lent. J’aurai pu éviter cette prise, on me l’a appris et j’en suis plus que capable. Quelques secondes suffirait à mettre un carreau dans la gorge de celui qui s’apprête à me saisir, mais le moment n’est pas au conflit. La diplomatie est ma meilleure arme pour les temps à venir.
Je me suis laissée saisir. Il m’attrape et me jette sur le béton rugueux qui compose le sol de son auberge, où je me suis rétabli promptement. L’homme referme la porte derrière nous.

« Vous êtes lente pour une chasseuse. » Il s’assure de l’étanchéité de la porte en passant la main autour de l’encadrement, puis met un tour de clé supplémentaire. « Qui cherchez-vous ? Cela n’aurait pas pu attendre demain ? »

L’homme réajuste son épaisse chemise rembourrée en attendant ma réponse. Son visage est un mélange de douceur et de sévérité, de nombreuses blessures marquent ses joues et son cou dans de grandes cicatrices qui barrent sa peau, laissant sur ses traits une impression de sévérité qui ne m’impressionne pourtant pas. J’ai débarrassé mes vêtements des flocons qui se sont déposés entre les couches de tissus tout en observant les alentours.
L’ancienne auberge n’est plus. Ses décorations, ses meubles, la grande table sur laquelle Gregory avait pour habitude de déjeuner… Il n’y a plus rien, plus rien d’autre que de grands amoncellements de conserves, pour la plupart déjà ouvertes. Est-ce la même chose dans les chambres ?

« Vous n’êtes pas Gregory. » Dis-je en enlevant mes lunettes épaisses de protection. « Qu’est devenu l’ancien propriétaire de cet établissement ? Que sont devenus ses habitants réguliers ?
— Gregory est mort. Certains sont partis, d’autres sont morts. J’ignore ce qu’ils sont tous devenus. Difficile à dire en ces temps troublés. »


J’ai pris une seconde pour digérer l’information. Gregory n’était pas assez fort.

« Je cherche la maison d’un artiste célèbre. Un fragment recherche à lui nuire. Si personne n’intervient rapidement, j’ai bien peur de ce qu’il pourrait arriver. J’ai mes raisons de croire qu’il est en danger de mort. »

L’homme a tiré une chaise dans un raclement métallique et s’est assis en riant comme si tout ce qui se trouvait dehors n’était qu’une vaste blague, comme si la vie et la mort n’étaient que de simples concepts un peu absurde auquel seul un idiot s’accrocherait.

« Ici, tout le monde doit apprendre à se défendre. C’est la loi. Vous n’avez rien à gagner à aider cette personne. S’il n’est pas capable de lutter pour vivre, alors il ne mérite pas de vivre, c’est aussi simple que cela.
— Ce fragment, c’est ma proie. Personne ne me l’enlèvera. Si cet artiste meurt, ce sera ma faute.
— Et ? C’est grave ? Tout le monde meurt ici ! Le sauver, c’est lui ajouter une semaine ? Deux ? Un mois ?
— C’est urgent ! »


Il a continué à me fixer, un sourire étrange planté au milieu du visage, comme pour rompre avec la sévérité de ses traits.

« Vos vêtements. » Fit-il finalement. « Où vous les avez trouvés ?
— Ce sont des conceptions d’un ami de Snjor. Je peux vous en fournir. »
Je me suis penché en avant. « Contre des informations. Tout ce que vous savez contre quelques vêtements. »

Son regard s’est perdu dans le vide.

« Vous savez, j’ai toujours vécu ici. Je compte y mourir. Avant je pensais que le froid ne m’atteindrait pas, j’ai toujours eu une constitution robuste. Mais… Ce genre de froid personne ne peut y survivre. Pas même le plus solide des chasseurs. Il ronge à travers tous les tissus, tous les matériaux. On ne peut rien faire contre lui. Même vos habits spéciaux, cela ne fait que repousser tout cela. À la fin, il ne restera plus rien d’autre qu’un grand champ blanc et uniforme. »


Je suis resté silencieuse. Il s’est levé et s’est dirigé vers l’arrière salle. Il rapporte un registre qu’il me tend.

« La plupart d’entre nous n’ont plus de famille, alors… on tient un registre. Quelques photos, une description et un métier… Ce n’est pas grand-chose mais quand quelqu’un meurt, on a au moins une idée de qui c’était. » C’est impressionnant. Plusieurs centaines de page au bas mot. « Vous vous y jeter un œil ? Vous trouverez ptet un artiste là-dedans. »

J’ai ouvert l’épais ouvrage, fasciné par la quantité d’informations qu’il contient. Quand nous serons tous mort, ce livre sera le dernier artefact de notre existence.

Pourrais-je y ajouter mon nom ?
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Souffle
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MessageSujet: Re: Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle   Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle EmptyJeu 22 Aoû - 0:03

Je suis là
Posé
Sur la branche de sa promesse
Il a promis
Il ne me fera pas de mal
Est-ce ce que certains appellent un ami ?
Est-ce une connaissance ?
Est-ce un passant ?
Un souffle de confiance au creux de l’oreille

Non

Non

Cette personne est une tache de sang
une tâche qui s’incruste dans du bois
On ne peut l’effacer
Une tache de sang indélébile

Cet homme est mort par sa faute
Son souffle à jamais hors du corps
Son esprit éteint
Les yeux morts et creux

Non

Tant de mots brûlés

Je ne peux pas

Il me murmure des mots doux, des mots de chaleur humaine. Il me promet l’hospitalité d’un domaine qui n’est pas même le sien. Il me promet quelque chose obtenu par la mort. Il me jure le dialogue possible. Il m’offre un souhait.

Tout ceci est factice. Tout ceci est une illusion teintée de fumée et de sang.

Cette maison n’est pas à toi.

J’ai déployé mes ailes, étiré mes os et mon esprit, j’ai empli la pièce de ma présence. Je me suis faite humaine, couvrant ma chair des rebuts de mon âme.

Je suis une femme habillée de brume. Je suis et je ne suis pas. Tu ne pourras pas m’atteindre.

Mais
par
pitié

Ne
détruit
plus
rien



Entre. Dehors il fait bien trop froid. 

Je murmure comme il murmure. Miroirs et fumées. Voix contre voix.

Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. 

Entre. Dehors il fait bien trop froid. 

Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. 

Entre. Dehors il fait bien trop froid. 
Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. 

Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid. Entre. Dehors il fait bien trop froid.  Peut-être que si nous parlons tous les deux, nous parviendrons à un accord. De quoi as-tu le plus envie au monde ?

Peut-être que si nous parlons tous les deux, nous parviendrons à un accord. De quoi as-tu le plus envie au monde ?Peut-être que si nous parlons tous les deux, nous parviendrons à un accord. De quoi as-tu le plus envie au monde ?Peut-être que si nous parlons tous les deux, nous parviendrons à un accord. De quoi as-tu le plus envie au monde ?
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