Irwyn  regardait cette armada s’affairer sur ces maudites portes, les CLAPS. Il se demandait s’ils arriveraient seulement à ouvrir la prochaine. Il était attentif. A moitié avachi contre son long bâton. Epiant là où il n’y avait rien à épier. Baillant d’ennuie, espérant au plus profond de lui qu’ils arriveraient enfin à ouvrir cette foutue porte. Espérant que le pire en sorte pour avoir un peu d’action, pouvoir se défouler. Occupant le temps en jouant faiblement avec la gravité. Juste une pichenette, tout ce qu’il savait faire. Pas plus, pas moins. Plus aurait demandé trop d’énergie et moins n’aurait pas était capable de soulever les petits caillous au sol.

Jusqu’à ce qu’il soit las de tout ca. Se disant que la pierre était définitivement bien trop lourde pour lui. Qu’il préférait les tissus, les feuilles d’arbre, la paille, la poussière, le vent. Oui, tout ca était tellement plus malléable. Bien plus simple que de faire virevolter quelques petits cailloux sans importance. Encore fallait-il être réveillé, dynamique et dans l’action. Mais là, à regarder ces savants travailler sur les portes, la seule chose qu’avait envie Irwyn était de dormir. De s’assoupir contre son bâton. Ce n’était clairement pas cette situation ennuyante qui allait le mettre en colère, si ce n’est l’absence d’action elle-même. Il soupira, il ne serait pas capable de soulever un ouragan aujourd’hui. En serait-il seulement capable un jour ?

Au final, il s’en moquait. Il savait qu’il n’était qu’aux prémices de la voie qu’il avait choisi d’emprunter et n’était nullement pressé de la traverser. Il voulait découvrir chaque recoin, s’arrêter sur chaque petit détail, prendre le temps de découvrir tous les petits objets qui l’entourait. Leurs pouvoirs, leurs faiblesses, leurs forces. Il était d’une patience moyenne, pas aussi patient que ces savants mais assez patient pour laisser la nature lui faire découvrir des choses sans qu’il n’ait à les bousculer. Ecouter l’âme des choses, comprendre le monde.

Improviser dans une ville qui demandait aux gens de ne pas se contenter de ce qu’ils savaient faire, de leur métier. Tout comme son lointain ayeux, simple musicien qui avait du faire preuve d’inventivité pour se sortir de cette lointaine catastrophe. Savoir jouer d’un instrument n’est pas la chose la plus utile quand il faut survivre. Savoir charger et manier un fusil, ca, c’était utile.

Et c’est sur ces lointaines pensées, qu’Irwyn entendit que c’était l’heure de la relève. Une autre personne allait veillait sur ces gens qui ne s’arrêtaient jamais de travailler et il allait pouvoir vaquer à ses occupations habituelles. Dont une moins ordinaire que les autres : Plonger dans la brume. Guider les habitants. Les empêcher de tomber entre les mains des démons. S’assurer qu’ils puissent trouver leur chemin dans le brouillard. Une tâche qu’il avait appris à mener. Qu’on lui avait appris chez les marcheurs de brume : Etre le phare au milieu de l’obscurité, être la lumière au milieu des ombres, être le vent chassant la brume.