J'ai trop vue cette joyeuse maison. Cela fait si longtemps qu'elle est mon point de chute, le point de départ et celui d'arrivée de toutes mes missions. De toute ma vie. Cette vie misérable. Ce ne sont plus quelques jolis rosiers qui parviennent à me faire oublier que je paye mes expériences au prix fort... Cela dit, eux aussi me payent au prix fort, et cette pensée me rassure un peu. Aujourd'hui je ne suis pas venu réclamer une nouvelle vie à prendre, je suis venu annoncer que quelqu'un l'a perdue, sa vie, omettre de mentionner que cette personne n'a pas eu besoin de mon aide pour parvenir à ce résultat, empocher le magot, partir, et ne jamais revenir. Si j'arrivais en plus de ça à grappiller quelques infos sur Lindblum et les bateaux volants de la petite, je serais le roi du monde. Sauf que je ne suis pas le roi du monde, l'expérience me l'a démontré. Tout en remontant l'allée, je regarde de part et d'autre, me demandant anxieusement d'où vont sortir les problème cette fois-ci.
La petite est encore suspendue à mon bras. Ce n'est peut-être pas très responsable de l'emmener voir mon boss mafieux, mais finalement ça n'aurait peut-être pas été plus avisé de la laisser seule sur le perron d'une villa remplie de dangereux criminels. Au moins elle est avec moi. Si ça tourne mal, je pourrais toujours m'en servir comme d’appât pour détourner l'attention pendant que je prendrais la fuite...
Le bras un peu chancelant, j'essaye de frapper vigoureusement sur la porte. Les coups résonnent et les vibrations du panneau de bois me renvoient à mon propre tremblement. Après toutes ces années, je ne suis toujours pas rassuré par cette maisonnette faussement joyeuse, et les hectolitre de sang que son parquet a du boire...
La porte s'ouvre en grinçant. Dans un ultime réflexe héroïque, je cache la petite derrière moi.